Texte paru dans: / Appeared in:
|
|||
Analyste: Michel Laizé Sa production très abondante et remarquable n'y fit rien : Jenkins, comme Lawes, fut éclipsé aux yeux des générations suivantes par l'astre Purcell. Joueur de luth et de viole, il écrivit essentiellement des pages mettant en jeu ces instruments au travers d'ensembles variés. Le consort de violes à quatre parties est le plus classique, tandis que les pièces à deux violes témoignent d'une influence italienne. La guirlande à deux violes tressée par Wieland Kuijken et Roberto Gini offre un parfait exemple de musique de transition. Les Ayres and Divisions font encore référence à la manière ancienne d'orner une mélodie selon le principe de la diminution, fondamental pour les violistes au temps de Byrd et Bull ; les sonates, en revanche, adoptent le modèle italien avec en plus de la basse d'archet un remplissage harmonique. Pour les airs diminués, la technique de la viola bastarda est préconisée, c'est‑à‑dire une façon d'orner la polyphonie en passant avec fantaisie d'une voix à une autre. Nous avons ainsi un édifice stable incarné par la partie d'orgue écrite simplement par Jenkins, sur lequel virevoltent et dialoguent les deux archets. Il est particulièrement plaisant de suivre les transformations contrapuntiques des thèmes de Jenkins qui, par leur simplicité subtile, sont de dignes descendants des mélodies de Dowland.
Wieland Kuijken et Roberto Gini
leur apportent une éloquence rare. La diction est claire, précise, le détail
des diminutions brillant et transparent, le dynamisme extraordinaire. La
conduite des phrases atteste un souffle large et maîtrisé. A l'orgue et au
clavecin, Mario Martinoli contribue à la réussite de ce programme par la
variété de son accompagnement et par sa forte présence rythmique. En outre,
l'enregistrement est particulièrement bien équilibré et clair. Un petit
bijou pour les amateurs de cette musique exigeante. |
|||
|
|
||
|
|
||
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD |