Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Appréciation d'ensemble: | |
Analyste:
Roger‑Claude Travers Le toujours virtuose Maurice Steger trace son sillon vivaldien depuis des lustres. Rappelez‑vous de l’excellent disque paru en l'an 2000 chez Claves, accompagné déjà par I Barocchisti, la phalange helvète de Diego Fasolis, dans un répertoire qui lui va comme un gant. Jouée sur une stridente sixth flute en ré d'après Stanesby, la version toilettée d'Il gardellino op. 10 n° 3 ouvrait le récital d'hier. Le concerto da camera Il gardellino, variante primitive colorée avec hautbois, violon et basson avec la seule basse continue, referme le nouvel album. Une friponne copie de flûte alto en sol d'après Denner souligne les subtiles variations de caractère. Steger choisit amoureusement ses instruments. La sophistication du continuo toucherait presque au kitsch. Salterio (psaltérion), archiluth, théorbe et même une improbable vielle à roue dans La pastorella s'invitent à la fête pour offrir la plus incroyable débauche de timbres. Ils jouent bien, vite, très vite, trop vite parfois pour rester intelligibles, mettent de l'ornement à toutes les sauces: l'anecdote pour l'anecdote, l'exhibitionnisme à chaque note, chaque silence. Toujours plus. Steger a le souffle trop forcé, trop « toujours expressif ». Le charme n'est pourtant pas une vertu inutile chez notre Rosso... Quelques vrais largos, tranchant avec le trépignement des mouvements vifs, apaisent l'oreille malmenée. Comme à la fin des Fantasmi de La notte, où ces esprits sous ecstasy mériteraient un sevrage. Même le RV375 pour violon, transcrit pour flûte de si bémol en mi bémol, ne rejoint pas la fantaisie vagabonde d'un Matthias Maute, dans sa gravure de 2007 chez Analeka. Vivaldi demande certes à l'interprète de s'émanciper, d'enrichir l'écrit, d'orner, de varier, de s'approprier le moment musical, mais avec une générosité, un élan poétique dont Steger et sa bande ont oublié la valeur. |
|
|
|
|
|
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD |