Proposant un choix d'oeuvres de la Renaissance toutes liées d'une façon ou d'une autre à la dynastie des Habsbourg, ce disque adopte le format habituel à Stile Antico : celui d'un parcours éclectique juxtaposant des oeuvres de styles, d'époques et d'origines géographiques diverses. Parmi celles‑ci, des oeuvres de compositeurs au service de l'empereur ‑ Isaac, La Rue, Senfl, Gombert, Crecquillon ; d'autres entretenant des liens moins directs avec la Cour des Habsbourg. Telle la chanson Mille regretz de Josquin, supposément l'une des préférées de Charles Quint; ou le motet Versa est in luctum de Lobo, composé à l'occasion des funérailles de Philippe II. Si les oeuvres sélectionnées sont pour la plupart absolument superbes, les juxtapositions choisies dans le programme surprennent parfois, prenant souvent le parti de franches ruptures stylistiques. En particulier, entre le motet de Lobo, daté de 1598, et le motet Virgo prudentissima d'Isaac, composé près d'un siècle auparavant ; ou entre le Loquebantur variis linguis de Tallis, truffé de fausses‑relations, et le recueillement simple de la chanson Mille regretz.

Sur un plan musical, le programme donne l'impression d'un léger manque de cohérence : d'autant que les oeuvres entretiennent souvent entre elles des liens très lâches. Comme, toujours en revanche, la réalisation est presque irréprochable : l'équilibre, la précision rythmique, la clarté des phrasés contribuent à donner cette homogénéité, cette unité d'intention caractéristique de l'ensemble. On regrette seulement que cette rigoureuse discipline bride par moments l'expression individuelle des voix, et vienne légèrement raidir les phrasés dans certaines des oeuvres.

Fermer la fenêtre/Close window