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Analyste: Sophie Roughol Stile Antico a l'art des programmes subtils, unifiés par l'argument et varies par goût, sans contrainte de chronologie. Des programmes que le choeur anglais rode longtemps en concert, afin d'ajuster les enchaînements et les proportions avant de les fixer dans des disques bien pensés pour l'écoute continue. Son neuvième album alterne le recueillement et l'apparat au siècle d'or des Habsbourg, le XVIe. Ludwig Senfl écrit Quis dabit oculis pour déplorer la mort de Maximilien, Pierre de La Rue entonne le traditionnel Absalon fili mi pour celle de Philippe ler. Nicolas Gombert reprend pour Charles Quint le Mille regretz de Josquin et en tire un contrepoint nourri quand le modèle soignait la concision. Alonso Lobo rend hommage en 1598 à Philippe II, par son grandiose Versa est in luctum.
C'est dans le faste des pièces de
circonstance que Stile Antico nous émerveille. Place à Heinrich Isaac ou
Ludwig Senfl accueillis par Maximilien ler (mort en 1519) en sa chapelle
viennoise. Du premier, le programme retient le motet Virgo prudentissima
écrit pour la Diète de 1507, confrontation jubilatoire de petits effectifs
virtuoses aux tessitures contrastées et de tutti solennels. Philippe « le
Beau » crée la Grande Chapelle de Bourgogne, ou Capilla Flamenca, qui sera
aussi celle de Charles Quint. Gombert en est l'astre avec le Magnificat
primi toni, bel exemple de la manière si personnelle de Stile Antico. Le
crescendo glorieux du Jubilate Deo de Morales se déploie sans la
moindre dureté : signature de l'ensemble. De Crecquillon, Andreas Christi
famulus pour la Toison d'Or de 1546 est une longue ivresse polyphonique
à huit truffée de fausses relations. L'édifice solide et bouillonnant du
Loquebantur variis linguis à sept de Tallis confirme qu'au‑delà de leurs
gènes polyphoniques, les Stile Antico ont su créer une vraie identité,
pragmatique et inventive. |
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