À ce jour très peu enregistrée, la musique de Giulio San Pietro de'Negri apparaît néanmoins intéressante, témoignant des pratiques et des goûts musicaux des milieux d'amateurs éclairés d'Italie du Nord, au premier tiers du XVIIe siècle. Très marquées par l'influence de Monveverdi, les pièces choisies dans cet enregistrement sont extraites de quatre des six recueils préservés du compositeur, dont elles illustrent la diversité stylistique. On y trouve des monodies accompagnées truffées de chromatismes, d'audaces expressives, de dissonances typiques de la seconda pratica; des canzonette souvent plus légères, de style parfois concertant. Si l'ensemble réunit une excellente équipe de continuistes, les chanteurs se montrent quant à eux souvent décevants. Malgré quelques morceaux de bravoure très réussis ‑ le Sfogava con le stelle d'Ottavio Valera, chanté par Emmanuel Vistorky – la plupart des pièces manquent cruellement de souffle. Du fait, parfois, d'une légère complaisance dans des tempos exagérément lents (S'io ti giuro ; Ride o piange) ; mais le plus souvent d'un manque cruel d'audace. Plutôt que d'aller dans le sens du contrepoint, qui déborde de figuralismes, de dissonances et de traits expressifs, d'oser prendre assez de liberté, d'initiatives pour rendre la lecture vivante, l'interprétation de l'ensemble Faenza semble au contraire ne chercher qu'une expressivité de surface, légèrement maniérée, se limitant à de timides effets de rubato et de nuances. Il en résulte une lecture quelque peu uniforme, dépourvue de relief et d'ampleur. La prise de son des instruments, assez désincarnée, n’arrange pas les choses: ajoutant à ces défauts un manque général de sensualité.