Outil de traduction (Très approximatif)
Translator tool (Very approximate)
Analyste:
Gaëtan Naulleau
John Eliot Gardiner
confie volontiers que les tempos spectaculaires tenus par son Monteverdi Choir
dans leur première gravure du Magnificat, en 1983, reflétaient moins le
tressaillement cosmique de la Vierge transpercée par les mots de l'Ange, que sa
propre excitation à l'heure où naissait sa première fille ! Elle a aujourd'hui
trente-trois ans, mais l'allure n'a pas baissé d'un chouïa. Le Fecit
potentiam fait autant tourner la tête. Moins par la vitesse en soi que par
la vivacité précise des mots, qui happent tous notre oreille. Le choeur d'entrée
avait jusqu'ici Paul McCreesh pour champion: 2'32", record facilité par un
choeur de solistes, mais coiffé au poteau, cette fois, par les athlètes de
Gardiner (2'27'', contre 2'49'' en 1983), sans que l'agitation ne l'emporte sur
l'euphorie. Si l'effervescence vocale et instrumentale vire à l'embrase-ment
général, c'est par l'organisation méticuleuse du rebond. Unique. L'album s'ouvre
sur le Kyrie de la Messe en fa, qui souligne un autre aspect de
l'interprétation: Gardiner, aujourd'hui, fuit l'esthétisme. Il pourrait lisser
les lignes et travailler quelques nuances à la surface de ce contrepoint alla
Palestrina, flatter l'oreille à peu de frais, mais il s'attache plutôt à
l'aimanter dans une perspective polyphonique. On prend la mesure de la palette
du Monteverdi Choir en rapprochant la première laude du Magnificat,
vignette naïve tombée du ciel, et le glorieux raffut du Gloria, tableau
de chasse où Gardiner entend un écho de la cinquième partie de l'Oratorio de
Noël. D'ailleurs, voici le thème : la Nativité, passerelle entre le
Magnificat dans sa version longue en mi bémol (quatre laudes
ajoutées, instrumentation modifiée) et la Cantate BWV 151.
Il faut, pour être
équitable, fêter autant les English Baroque Soloists que le choeur. Saluons
avant tout Kati Debretzeni, leader exceptionnel depuis seize ans ... et
soliste de caractère dans le Tu solus de la messe ‑ où Reginald Mobley,
contre-ténor au médium opulent, fait merveille. Dire que toutes les jeunes voix
sorties du choeur nous comblent serait exagérer. La soprano de la messe nous
fait grincer des dents, la soprano Il du Magnificat brille sans grandeur.
Mais quelle basse! Et les quelques fragilités d'Angela Hicks, très exposée par
la lenteur de son air dans la cantate, ajoutent à l'émotion de cette berceuse où
Marie chante la tendresse de toutes les mères du monde. Faut‑il, dans le
Suscepit Israel (Magnificat), être nostalgique du trio magique tissé en 1983
par Nancy Argenta, Patricia Kwella et Charles Brett ? Ce serait oublier
«au-dessus des voix, la trompette qui remplace le hautbois, dans la version en
mi bémol, suggère une autre lumière. Et que la prise de son installe en
2016 une autre proximité. Le moindre défaut y apparaît crûment, mais au bénéfice
d'une intensité de dialogue qui est l'essence même du Bach de Gardiner.
Sélectionnez votre
pays et votre devise en accédant au site de
Presto Classical
(Bouton en haut à droite)
Pour acheter l'album
ou le télécharger To purchase the CD
or to download it
Choose your country
and curency
when reaching
Presto Classical
(Upper right corner of the page)