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Diapason # 663 (12/2017)
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Soli Deo Gloria
SDG728




Code-barres / Barcode : 843183072828

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Gaëtan Naulleau

John Eliot Gardiner confie volontiers que les tempos spectaculaires tenus par son Monteverdi Choir dans leur première gravure du Magnificat, en 1983, reflétaient moins le tressaillement cosmique de la Vierge transpercée par les mots de l'Ange, que sa propre excitation à l'heure où naissait sa première fille ! Elle a aujourd'hui trente-trois ans, mais l'allure n'a pas baissé d'un chouïa. Le Fecit potentiam fait autant tourner la tête. Moins par la vitesse en soi que par la vivacité précise des mots, qui happent tous notre oreille. Le choeur d'entrée avait jusqu'ici Paul McCreesh pour champion: 2'32", record facilité par un choeur de solistes, mais coiffé au poteau, cette fois, par les athlètes de Gardiner (2'27'', contre 2'49'' en 1983), sans que l'agitation ne l'emporte sur l'euphorie. Si l'effervescence vocale et instrumentale vire à l'embrase-ment général, c'est par l'organisation méticuleuse du rebond. Unique. L'album s'ouvre sur le Kyrie de la Messe en fa, qui souligne un autre aspect de l'interprétation: Gardiner, aujourd'hui, fuit l'esthétisme. Il pourrait lisser les lignes et travailler quelques nuances à la surface de ce contrepoint alla Palestrina, flatter l'oreille à peu de frais, mais il s'attache plutôt à l'aimanter dans une perspective polyphonique. On prend la mesure de la palette du Monteverdi Choir en rapprochant la première laude du Magnificat, vignette naïve tombée du ciel, et le glorieux raffut du Gloria, tableau de chasse où Gardiner entend un écho de la cinquième partie de l'Oratorio de Noël. D'ailleurs, voici le thème : la Nativité, passerelle entre le Magnificat dans sa version longue en mi bémol (quatre laudes ajoutées, instrumentation modifiée) et la Cantate BWV 151. 

Il faut, pour être équitable, fêter autant les English Baroque Soloists que le choeur. Saluons avant tout Kati Debretzeni, leader exceptionnel depuis seize ans ... et soliste de caractère dans le Tu solus de la messe ‑ où Reginald Mobley, contre-ténor au médium opulent, fait merveille. Dire que toutes les jeunes voix sorties du choeur nous comblent serait exagérer. La soprano de la messe nous fait grincer des dents, la soprano Il du Magnificat brille sans grandeur. Mais quelle basse! Et les quelques fragilités d'Angela Hicks, très exposée par la lenteur de son air dans la cantate, ajoutent à l'émotion de cette berceuse où Marie chante la tendresse de toutes les mères du monde. Faut‑il, dans le Suscepit Israel (Magnificat), être nostalgique du trio magique tissé en 1983 par Nancy Argenta, Patricia Kwella et Charles Brett ? Ce serait oublier «au-dessus des voix, la trompette qui remplace le hautbois, dans la version en mi bémol, suggère une autre lumière. Et que la prise de son installe en 2016 une autre proximité. Le moindre défaut y apparaît crûment, mais au bénéfice d'une intensité de dialogue qui est l'essence même du Bach de Gardiner.


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