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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Jean‑Luc Macia Philippe Herreweghe poursuit, sans projet d'intégrale, son approfondissement du contenu spirituel de cantates. En voici trois (1724‑1725) qu'il n'avait pas encore enregistrées, où Bach oppose à l'inquiétude des croyants, confrontés à la mort et au péché, la perspective consolatrice et joyeuse de la résurrection promise. La force d'Herreweghe est de faire sentir avec subtilité ces nuances accompa-gnant une forme de pénitence réparatrice. La BWV 101 (« Ecarte de nous Seigneur, Dieu fidèle, le grand châtiment ») est une cantate‑choral, innervée par une mélodie de Luther sur le Notre Père, qui exprime parfaitement cette ambivalence. Le motet à l'ancienne par lequel elle débute, (cantus firmus aux sopranos, cornet et trombones pour soutenir le choeur) est traduit avec éloquence par le chef belge. Le Collegium Vocale se surpasse, tant les choristes que les instruments. Le duo soprano/alto, chanté avec une délicatesse très sensuelle par Mields et Guillon, est rehaussé par un hautbois da caccia et une traversière qui auréolent les voix d'une lumière appropriée. Dans les deux autres cantates, l'opposition entre l'inquiétude des fidèles et leur soulagement est plus marquée encore: la trompette enjouée de l'air pour ténor de la BWV 103 rompt avec éclat la sinistrose ambiante. Dans la BVW 115 (« Prépare-toi mon âme »), le dialogue entre Damien Guillon et le hautbois d'amour de Marcel Ponseele atteint des sommets d'expressivité (la recherche d'un médecin de l'âme qui ne peut être que Dieu), sur le rythme berceur d'une sicilienne. Un grand moment. Les choeurs ouvrant ces deux cantates sont d'une fluidité et d'une tenue sonore rares, comme souvent avec Herreweghe. Leur liberté rythmique doit beaucoup à l'excellence des instrumentistes, que la prise de son situe à leur place idéale. Certes, la voix de Peter Kooij n'a plus sa vigueur d'antan mais ses récitatifs sont exemplaires; certes, Dorothee Mields se montre meilleure technicienne que dispensatrice d'émotions. Reste que Thomas Hobbs se révèle un ténor agile, bien chantant, avec un aigu limpide, et que Damien Guillon n'a guère de rival aujourd'hui dans Bach. Un ajout admirable à l'imposante discographie des cantates que Philippe Herreweghe construit depuis plus de trois décennies.
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