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Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Sophie Roughol
En 1641, Monteverdi
publie deux sommes testamentaires: côté profane, le Livre VIII de
madrigaux ; côté spirituel, la Selva morale e spirituale, dont le titre
souligne la foisonnante diversité des presque quarante pièces qui la composent.
Trois décennies après le Vespro de 1610, la Selva présente le legs
incomparable du vieux maître de chapelle de Saint‑Marc, qui s'y exprime dans
tous les styles et les effectifs: motets solistes, imposantes polyphonies à
double choeur, psaumes concertants, madrigaux spirituels, et une messe à quatre
voix d'obé-dience palestrinienne. Projet abouti et mûrement réfléchi par un chef dont la versatilité impressionne ? On nourrit quelques doutes. Le catalogue d'Harmonia Mundi comprend déjà l'intégrale de Cantus CölIn (et, soit dit en passant, la fantastique anthologie des jeunes Arts Florissants). La comparaison est tentante... Konrad Junghänel et le chef espagnol partagent un même souci de la cohérence globale dans le parcours morcelé des psaumes ou les changements de mesure des motets, leurs allures respectent le temps de l'oraison (à l'exception notable d'un Confitebor Il plus allant chez Heras-Casado). Autre point commun, des solistes (qui sont aussi les choristes) et des instrumentistes aguerris. Mais la plasticité du Balthasar Neumann a beau être exceptionnelle ailleurs, on regrette ici quelques voix solistes tendues, une virtuosité moins magnétique (« Et iterum »), et surtout, une aisance stylistique qui ne parvient jamais à égaler celle inscrite dans les gènes de Cantus CölIn. Autre vraie différence, la rhétorique moins incisive et transparente de Heras-Casado, cette prudence qui immerge les voix au sein du tissu instrumental (théorbes, trombones). La prodigalité des timbres pèse sur l'impact des contrastes métriques et des dessins polyphoniques. A l'oraison, certes un peu austère mais partout intense, ciselée par Junghänel, Heras-Casado préfère un rendu plus agréable et plus neutre, qui relègue au second plan la charge spirituelle des textes. L’éblouissement du programme Praetorius qui l'associait au même ensemble voici quelques années (Archiv, Diapason d'or) n'est pas tout à fait au rendez-vous. |
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