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Diapason # 652 (12/2016)
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Raumklang 
RK3502



Code-barres / Barcode : 4018767035025

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Jean‑Philippe Grosperrin

 

Soir de bal, l'orage, une fenêtre ouverte, Charlotte touche la main de Werther en disant seulement: « Klopstock ! » Passion allemande: Gluck écrira des lieder d'après Klopstock, songera à un opéra d'après sa Bataille d’Arminius, mais dès la fin des années 1750, c'est l'auteur de l'épopée Der Messias qui inspire les musiciens. Il incarne alors une modernité littéraire antirococo, par la substance affective d'une poésie qui nourrit le courant de l'Empfindsamkeit, mais d'abord par l'invention d'une langue pleine d'énergie, de bizarreries syntaxiques, de ruptures, riche d'effets rythmiques rares.

Telemann s'y est intéressé à la fin de sa vie. A côté d'une brillante cantate de Pentecôte (1759), dont les chorals sont ceux de Luther réécrits par Klopstock, on trouve deux extraits du Messias, très émancipés de l'héritage baroque ‑ Ludger Rémy a déjà gravé les trois pour CPO. Le premier extrait n'est autre que l'exorde du chant I, sur le sacrifice du Christ à Jérusalem. Telemann y essaie une forme imprévisible à quatre solistes, tissu de récitatifs et d'ariosos garni de séquences orchestrales. Le second chante la mort du Christ « plus beau dans son sang », par la voix des prophétesses Myriam et Déborah. Sur le même principe, Klopstock joue des accidents harmoniques et d'un discours instable: sitôt amorcé, un duo vocalisant s'abolit dans du récitatif.

Il faudrait à cette langue étonnante des interprètes de premier plan. Le nouvel album souffre de la comparaison avec le disque CPO: Jan Kobow et Klaus Mertens avaient plus de substance et de séduction, les voix féminines sont ici plus froides, la soprano peu intelligible parfois, tout cela bride un souci net du détail rhétorique. La direction de Siegfried Pank ne va pas sans raideur, mais l'orchestre dispense aussi des couleurs plus âpres, quelque chose de plus intense qui porte la déploration.

Cinq Diapason malgré tout ? Car l'album présente un chef‑d'oeuvre inédit, l'élégie de Johann Heinrich Rolle (1716‑1785), plus familier des histoires de l'oratorio allemand que du discophile. Dans la tragédie Salomon de Klopstock, deux chanteurs venaient célébrer devant le roi le deuil de David à la mort de Jonathan. Amplifiant le thrène biblique, bien connu par le Saul de Handel, David (ténor) dialogue avec Jonathan post mortem (soprano), qui promet avec effusion leur réunion au ciel. Foin des ritournelles, numéros clos et mélismes : l'ensemble durchkomponiert vise une déclamation exaltée des vers, entre élans lyriques précaires et aspérités sensibles du récitatif. Rolle trouve ici des avocats d'un zèle indiscutable.


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