Outil de traduction (Très approximatif)
Translator tool (Very approximate)
Analyste:
Benoît Fauchet
Le
visage de Suzi Digby, très investie dans le dynamisme des jeunes ensembles
vocaux outre‑Manche, et dans leurs projets pédagogiques que nous devons
jalouser, est désormais familier à sept millions de téléspectateurs britanniques
‑ elle faisait partie du jury de l'émission Last Choir Standing. Les
dix‑huit chanteurs de son jeune ensemble ORA consacrent un album bien pensé
(mais mal enregistré, dans une réverbération plate) au dominicain Savonarole
(1452‑1498). Précurseur des « réformateurs » à sa manière certes radicale, il
dressa à Florence le « bûcher des vanités » pour y faire disparaître les
miroirs, les cosmétiques, les jeux, et des œuvres jugées impies. Excommunié en
1497, après avoir dénoncé l'immoralité et la corruption de l'Église, il fut
emprisonné et supplicié. C'est du fond de sa geôle qu'il allait dicter quelques
textes extraordinaires, dont Infélix ego paraphrasant le Miserere.
Si Frère Jérôme honnissait la polyphonie, ses laudes ont été mises en musique
par d'autres, parfois restés anonymes. Un certain anonymat, d'ailleurs, se
dégage d'Alma che si gentile et de Che fai qui core ? ‑ ce que
Giovanni Animuccia a tiré de lesù sommo conforto, flatte mieux le
potentiel rebondissant d'ORA. Infélix ego a suscité chez Byrd une fresque
aussi éprouvante pour ses interprètes qu'impressionnante pour ses auditeurs :
Suzi Digby y signe une belle réussite, agençant avec soin les plans sonores et
soutenant la tension sans jamais aucune crispation ‑ mais avouons qu'ici, la
palette de Stile Antico et la manière plus incarnée de The Cardinal's Musick
nous mènent encore plus loin.
Infélix ego
revient aussitôt sous la plume d'Eriks Esenvalds (né en 1977). Sa partition à
six voix charme par sa matière mutante, ses dissonances et ses résolutions, ses
glissandos et ses tremblements. Autre jeu de miroir: le Miserere de James
MacMillan fait pendant à celui d'Allegri, et conjugue avec maestria versets
fleuris et affirmation psalmodique. L'extrême aigu est parfois fuyant, l'image
sonore ‑ enrobée et polie ‑ pas toujours très connectée à l'enjeu textuel, mais
cette alliance de la Renaissance et du récent nous invite à suivre avec intérêt
l'aventure d'ORA.
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