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Analyste:
Jérémie Bigorie
Parmi les cent trente-deux personnages portraiturés par Véronèse dans ses
grandioses Noces de Cana figure, aux côtés des célèbres Arétin, Titien ou
Tintoret, le musicien Bassano, représenté joues gonflées soufflant dans un
cornet, instrument dont il était un virtuose et, semble-t-il, un fabriquant
reconnu. C'est d'ailleurs au titre de cornettiste qu'il est embauché en 1576 à
la Basilique SaintMarc avant de se voir confier l'effectif d'instruments à vents
de plusieurs paroisses de la Sérénissime, où l'on a tout lieu de penser qu'il y
subit l'influence des Gabrieli (Andrea et Giovanni) et joue sous la direction de
Monteverdi lorsque ce dernier est nommé en 1613 maître de chapelle. Adrien
Mabire, cornettiste et directeur artistique de cet enregistrement, s'est assuré
le concours de mercenaires au talent confirmé, tels Jean-Luc Ho à l'orgue et au
clavecin, François Lazarevitch à la flûte à bec et Elsa Franck au bassanello
(superbe Ricercata terza en solo, plage 8) dont le timbre apparaît comme un
mélange entre ceux du hautbois et du basson. Pour rendre pleinement justice à
ces ricercars, chansons ornées, principalement françaises exportées en Italie,
et madrigaux instrumentaux, il faut une articulation à la fois claire et
chantante jointe à un art des diminutions, lesquelles se réfèrent au renouveau
du style vocal. Autant de qualités réunies par nos mercenaires qui font de
Giovanni Bassano le précurseur inspiré de Giovanni Battista Fontana et de Dario
Castello.
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