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Appréciation d'ensemble:
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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
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Analyste: Jean‑Michel Molkhou
A l'exception de James Ehnes,
aucun grand disciple de la Juilliard School new‑yorkaise n'avait laissé son
témoignage sur ce cahier depuis les intégrales de Shlomo Mintz (DG, 1984) et
d'Itzhak Perlman (Emi, 1986‑1987). La révolution baroque est passée par là, insufflant de nouvelles conceptions dans l'articulation, la technique d'archet, le vibrato, I'ornementation. Entre le jeu de Mintz ou de Perlman fortement imprégné des traditions héritées de la génération précédente ‑ et celui de nos deux artistes, un monde s'est ouvert. Shaham et Midori ont d'ailleurs ressenti le besoin de s'expliquer sur leurs options, chacun dans un commentaire très élaboré reproduit dans le livret. Le premier, qui a fait le choix radical d'un chevalet et d'un archet baroques, use le plus souvent de tempos inhabituellement rapides et d'une ornementation généreuse et inventive. Plus classique, la vision de Midori révèle également une profonde influence baroque dans la flexibilité du phrasé, le vibrato, les couleurs. Au premier abord le timbre de Shaham, d'ordinaire généreux, paraîtra inhabituellement mince, et certainnes licences rythmiques (Adagio de la Sonate no 1) pourront surprendre. Dans ce même Adagio inaugural, la sonorité de Midori se montre d'emblée un peu plus dense même si elle demeure fort aérée, tandis que le discours plus retenu se permet également quelque liberté métrique. Shaham déroule la fugue qui suit avec le tempo le plus enlevé de la discographie ! Le contrepoint perd toute sévérité dans un tour de force technique; sans être totalement séduit par une telle course à l'abîme, j'avoue y découvrir une pulsation nouvelle. Dans un tempo nettement plus modéré, mais néanmoins très allant, Midori déploie des trésors d'ingéniosité et d'habileté; les timbres lumineux s'accordent à une respiration très naturelle, le Presto final y gagne une évidente facilité et une indicible gaieté. Mais Shaham parvient à le rendre encore plus félin et aérien grâce à un archet d'une surnaturelle élasticité. Vous l'avez compris, nous sommes en présence de deux violonistes d'exception et de deux visions qui rivalisent d'intérêt avec les plus inventives issues du vieux continent.
Nouvelle expérience dans la première Partita en si mineur, que Shaham cisèle, dès l’AIIemande, comme s'il s'était transformé en maître à danser. Par l'ornementation, la liberté fuse de partout avec une agilité déconcertante. En regard, le jeu de Midori pourra sembler plus statique, mais ce serait méconnaître la subtilité de son articulation et le délicat dessin de ses lignes. Shaham enchaîne les mouvements de cette Partita avec autant de grâce que de prestance. Fort de sa coutumière joie de vivre et de son goût du risque (Presto), il offre une démonstration de ce que peut ‑ être l'aisance avec un grand A: elle a pour sommet un spiccato de rêve dans le double de la Sarabande, la Bourrée et son double.
On laissera à l'auditeur le soin de découvrir plage après plage la suite de ces deux intégrales, en indiquant qu'elles réservent leur lot de surprises et de poésie (fugues en la mineur en ut par Shaham, Corrente et Gigue ré mineur, Adagio de la sonate en ut par Midori). Leurs interprétations respectives de l'imposante Chaconne, clef de voûte de l'édifice, forcent toutes deux le respect. Midori prend (et assume) le parti d'une absolue sérénité, aux antipodes du geste plus turbulent de Saham. Deux musiciens issus d'une même école, d'une même « tradition», et que tout oppose pourtant à l'épreuve de ce monument.
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