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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Jérémie
Rousseau Très à son affaire chez Boismortier, Purcell ou Charpentier, Hervé Niquet a, dans son abondante discographie, laissé Vivaldi au bord du chemin. D’abord parce que d’autres, souvent des Italiens, l’ont accaparé, enfin parce que le chef-d’oeuvre ultra rabâché qu’est le Gloria mérite qu’on lui apporte un peu de fraicheur si l’on souhaite l’immortaliser : ce qu’Hervé Niquet, avec des choix très tranchés, ne manque pas de faire, ce même avec une certaine grâce. Passionné depuis longtemps par la musique à voix égales, voici qu’il recourt pour toutes les séquences du Gloria et du Magnificat à un choeur exclusivement féminin, parties solistes incluses : effet de surprise garanti. Certes, on sait que les femmes étaient interdites de musique dans les églises, mais on sait aussi que l’Ospedale della Pieta de Venise, où Vivaldi officia de longues années, regorgeait d’exquises musiciennes qui, rassemblées, auraient sûrement conféré au Gloria la pureté éclatante qu’on découvre là. Quand bien même l’idée paraitrait saugrenue, on ne peut que saluer la manière dont Hervé Niquet, d’un geste précis et ferme, manie avec délicatesse la chair vivaldienne, pour obtenir ferveur et éloquence de ce choeur aux couleurs virginales. L’orchestre, moelleux, porte idéalement les climats d’euphorie (Gloria) ou de louange (Magnificat), aidé par un continuo loquace et varié. Peut-être la musique de Vivaldi perd elle, ainsi égalisée, un peu de ses clairs-obscurs et de sa véhémence, car la palette se décline dans des camaïeux plus doux qu’à l’accoutumée, et le disque finit par dégager une légère impression d’uniformité. Toutefois, cette version inclassable enrichit précieusement une discographie bien perfectible encore, dominée jusque là par Muti (EMI) ou Alessandrini (Naïve). | |
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