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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Gaëtan Naulleau
Les
violoncellistes « modernes » sont donc toujours plus nombreux à s'essayer
aux cordes en boyau (pour s'ouvrir à d'autres phrasés, aborder d’autres
répertoires ou pousser d'autres portes, peu importe). Qu’ils écoutent Bruno
Cocset ! Edgar Moreau par exemple. Le jeune prodige choisissait pour son
deuxième album un bouquet de concertos, de Vivaldi à Haydn, et faisait le
pari de trouver un terrain d'entente avec l'orchestre de Riccardo Minasi
(« Giovincello », cf no 640). Une vélocité du tonnerre, un aigu
arrogant, une spontanéité qui crève l'écran, une imagination sonore
fertile... mais un vibrato si convenu, modulé de façon si moderne encore.
Car il ne s'agit pas de naviguer, d'une note à l'autre, entre vibrato serré
et émission droite pour montrer patte blanche, mais de se laisser porter par
toute une gamme de résonances propres à la matière et à la tension
moindre du boyau : résonances dont Cocset est un magicien, et que ses Basses
Réunies colorent avec une sensibilité fusionnelle. Il aura pris son temps
pour revenir à Barrière ‑ quinze ans ponctués par des expérimentations sans
fin avec le facteur Charles Riché et des visites à Bach, Geminiani, Hume,
Purcell, Boccherini... Cocset serait bien en peine de dévaler le Concerto
en ut de Haydn au tempo de Moreau, et sous son archet, certains allegros
sont rudement partagés entre des appuis exaltés et des petites notes
fuyantes. Mais donnez‑lui une tenue, elle devient une phrase à part entière
par son galbe, par la plénitude obtenue au fil de l’archet; le
vibrato peut pimenter la chose, mais il n'est pas nécessaire.
L’articulation, dans ce jeu et dans cette écoute de l'instrument, est
indissociable du timbre. Voyez cette gigue, plage 4, qui semble phraser
court , mais rebondit largement sur le matelas des résonances. Libérer la
phrase en lâchant la note: leçon d'un long compagnonnage avec Savall, dont
Cocset rappelle également le lyrisme dans des adagios voluptueux. Pour deux
sonates, l'épatant Guido Balestracci prend le relais au pardessus de viole,
et se délecte à son tour des aventures mises en sonates par Jean Barrière.
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