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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Philippe
Venturini
Le titre laisse deviner que Le
Poème Harmonique entreprend ce voyage dans le dernier XVIe siècle, guidé par
ce qui sera la carte du Tendre le siècle suivant. Ce parcours, balisé de
quelques pièces instrumentales, se concentre en effet sur le sentiment
amoureux, « indifférent et narquois, languissant puis désespéré, tantôt
cruel ou agréable, tantôt supplice idolâtre ou pénitence délétère » comme le
précise Vincent Dumestre. Du premier air « Hélas que me faut-il faire » de
Girard de Beaulieu où se perçoit l'agitation que suscite une telle épreuve
(« un adversaire qui tient fort dedans mon coeur ») au dernier, « Belle qui
m'avez plus blessé » de Pierre Guédron, à l'humeur autrement plus languide,
ce parcours fort intelligemment agencé réserve autant de surprises que de
contrastes. Il ne faudrait pas imaginer une anthologie exclusivement
galante, voire précieuse, signée par les plus grands poètes du temps, les
Ronsard, Baïf et autres Du Bellay. Fidèle à ses principes, Le Poème
Harmonique aime faire se croiser le savant et le populaire, et n'a pas
hésité à retenir une chanson anonyme, « Allons vieille imparfaite », d'une
drôlerie terriblement cruelle. L'air de la cour peut alors se charger des
miasmes de la rue. Musicalement, cette période de transition entre la fin de la Renaissance et le début du baroque, fait se côtoyer des styles variés, entre la chanson polyphonique et l'air à voix seule ou l'unisson. Comme à l'accoutumée, les chanteurs, en l'occurrence un quatuor, Claire Lefilliâtre, Bruno Le Levreur, Serge Goubioud et Marc Mauillon, trouvent toujours le ton juste, du cocasse (« Tant et tant il m'ennuye tant » de Pierre Guédron) au douloureux (« J'ayme trop mieux souffrir la mort » de Guillaume Costeley), et ils s'attachent à préserver l'intelligibilité des poèmes. L'ensemble instrumental, dominé par les cordes, procède de même : il enveloppe les voix dans un voile léger sans jamais les étouffer. La prise de son de Frédéric Briant restitue avec autant de finesse que de couleurs cette musique qui va droit au coeur. On rangera naturellement cette anthologie aux côtés de celles, tout aussi réussies, consacrées par Le Poème Harmonique à Pierre Guédron (Alpha, 2001) et Antoine Boesset (Alpha, 2003), convaincu que cette époque appelle d'autres visites. | |
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