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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Gaëtan Naulleau Vincent Dumestr creuse amoureusement son sillon, fidèle à ce premier XVIIe siècle (italien e français) dont il éclairait les recoins dès le premier opus du Poème Harmonique en 1998. Des recoins, vraiment ? La distance des siècles, en faussant la perspective, écarte dans les marges de musiques centrales en leur temps, comme ces airs de cour dont les éditions qui pullulent à partir des année 1570. Divertissement de choix dans les salons, à quatre voix ou voix seule et luth, c'est le jumeau de la mélodie française, avec deux siècles et demi d'avance. Stimulé comme elle par un nouveau répertoire poétique, il a vu son développement guidé parallèlement par l'économie de moyens propre au « beau naturel » idéalisé, et par les sirènes de la sophistication.
La simplicité domine d'abord. A la fin du XVIe, l'air de cour se distingue de la chanson polyphonique par sa découpe strophique et sa déclamation soudée,aux quatre voix, deux traits issus du vaudeville populaire. Dumestre revient à cette première génération (déjà explorée dans son album Charles Tessier) avec une certaine méfiance. Peut‑on, dans l'exercice aveugle du disque, et sur l'ensemble d'un programme, flatter la simplicité du genre à ses débuts ? Il ne prend pas le risque et préfère à l'intimité des salons un concert étoffé où huit instrumentistes se joignent aux quatre voix. Donc il arrange, glisse des intermèdes entre les strophes, nuance de l'une à l'autre un voile de violes, harpe, théorbe, clavecin (pour joliment le retirer à la fin de Mais voyez mon cher esmoy), suspend un long prélude sous les archets suaves, fait alterner solo et tutti sur une mélodie entêtante (Les mariniers adorent un beau jour, texte superbe, rubato divin)... et dispose avec tact quelques joyaux laissés à nu.
L’artifice est
partout, mais avec un tel naturel dans l'esthétisme et une telle connivence
des musiciens qu'on l'oublie, comme on oublie sans regret les mots flous de
Claire Lefilliâtre sous ses ornements roucoulants, sa douceur languissante (Bien
qu'un cruel martire), sa nonchalance joueuse (Belle qui m'avez blessé).
Dumestre n'a qu'un tort : faire chanter si sublimement les pages a cappella,
si tendres, riches d'inflexions et d'élans légers (la miniature de
Costeley!), qu'on s'interroge tout de même sur la valeur de tous ces fards.
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