Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Appréciation d'ensemble: | |
Analyste:
Jean-Luc Macia Christine Schäfer s’était déjà investie dans l’univers des cantates de Bach. Elle participait à l’intégrale des cantates profanes voulue par Helmuth Rilling, et dialoguait avec Reinhard Goebel dans un album impressionnant et assez étrange paru chez Archiv il y a quatorze ans. Depuis, la voix a perdu en couleurs. On est surpris par la blancheur froide qui l’affecte dans la version pour soprano et flûte d’lch habe genug, à l’origine pour baryton et hautbois. L’accomplissement technique ne suffit pas à nous consoler d’une éloquence retenue jusqu’à la neutralité. Dans ce grand triptyque où le pécheur affligé entrevoit son seul espoir dans l’autre monde, l’émotion se fait rare, et aucun abandon ne vient illuminer la berceuse centrale. Bach peint dans la BWV 199 un tableau plus doloriste encore. La pénitence prend une allure presque horrifique dans le récitatif qui ouvre la cantate (« Mon coeur nage dans le sang, parce que le résultat de mes péchés, aux yeux saints de Dieu, me rend monstrueux. ») La soprano allemande semble avancer à petits pas, au point d’alanguir la seconde - et longue - aria. Jamais on ne sent derrière ce chant fier et droit le poids des péchés que les croyants doivent assumer. La joie sereine de la BWV84 passe mieux. Schäfer dessert d’un cran son corset, l’allégresse débridée du second air est même fugitivement communicative. |
|
|
|
|
|
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD |