« Fait pour les Anglois » annonce l’éditeur en couverture. Il reprend ainsi le titre de la copie que possédait Johann Christian Bach. Forkel, comme le rappelle Pascal Dubreuil dans un texte de présentation très développé, évoquait « un Anglais de qualité ». On ne saura sans doute jamais à qui Bach destinait ce recueil (Dieupart ou Haendel installés tous deux à Londres?) aux tournures franchement françaises (suites avec préludes) et perméables au style italien. À une orientation géographique ou personnelle, Pascal Dubreuil préfère la rhétorique comme guide. Il signale ainsi comment ces Suites anglaises, par leur diversité, font « appel à toutes les ressources de l’art de l’éloquence ». Aussi son interprétation se distingue-t-elle par son élocution châtiée, sa présentation claire des idées et la conduite sûre de leur développement. Des clavecinistes, tels Carole Cerasi (Metronome) ou Christophe Rousset (Ambroisie), ont certes davantage pris de risques dans les danses, les bourrées et les gavottes notamment, mais Pascal Dubreuil parvient à adapter son instrument au gré des mouvements. Les préludes qui se déploient souvent sur un modèle concertant prennent alors une ampleur orchestrale (celui de la Suite n° 5 par exemple) alors que les Allemandes, souvent foisonnantes, font nettement apparaître des plans sonores (celle de la Suite no 4 enguirlandée de triolets de doubles croches). De même, dans les gigues labyrinthiques des Suites n° 5 et n° 6, propulsées dans des spirales chromatiques vertigineuses, restent d’une parfaite lisibilité.

La prise de son, pourtant réalisée dans une église, accompagne l’artiste dans sa quête de l’éloquence tout en valorisant la riche sonorité de sa copie de Ruckers.

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