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Classica # 158 (12/2013 - 01/2014)
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Aparté
AP061



Code-barres / Barcode:
3149028040326 (ID361)

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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation :
Analyste: Philippe Venturini

Signalons d’emblée à ceux qui connaissent mal la tragédie en musique et la considèrent encore comme un interminable récitatif que Phaéton de Jean-Baptiste Lully devrait les convertir. Sa durée reste raisonnable grâce à un livret d une rare efficacité réunissant des personnages clairement dessinés. Si l’intrigue, construite sur l’éternelle rivalité entre sentiments et politique, reste convenue, son traitement se montre d’une étonnante modernité. Le rôle-titre n’a en effet rien d’un héros positif et vainqueur mais se révèle présomptueux et volontiers rude. Il n’hésite pas à préférer la puissance (la succession du roi d’Egypte Mérops) à l’amour de Théone mais finira brûlé par son ambition, foudroyé d’avoir voulu se mesurer au soleil. L’intensité dramatique et la musique variée de Jean-Baptiste Lully auront rapidement raison du coeur des spectateurs d’alors, qui peu après sa création à Versailles en 1683, désigneront Phaéton comme « l’opéra du peuple ». Il n’existait qu’un enregistrement, rougeoyant, de cet opéra de feu réalisé par Marc Minkowski (Musifrance) en 1993 à l’occasion de la réouverture de l’opéra de Lyon. Celui de Christophe Rousset n’a pas eu la faveur de la scène mais bénéficie de l’énergie du concert, capté Salle Pleyel, séjour pourtant peu favorable à une telle musique. Aussi, malgré les efforts de l’équipe technique, le son trahit-il quelques duretés (est-ce la réverbération ajoutée sur les voix ?). Il n’empêchera heureusement pas d’apprécier une interprétation d’un raffinement supérieur guidé par un soin scrupuleux apporté à la prosodie. L’auditeur peut ainsi se passer du livret pour suivre comment Phaéton trahit Théone et veut épouser Libye, pourtant éprise d’Epaphus, par seul goût du pouvoir. Emiliano González Toro endosse le premier rôle avec assurance (son duo avec son père le Soleil) face à son rival, l’Epaphus d’Andrew Foster-Williams certes vaillant mais donnant l’impression de toujours être en colère (acte V). Comme attendu, Gaëlle Arquez laisse percevoir le chagrin de Libye avec une sensibilité frémissante mais elle reste princesse. Les rejoignent la Clymène, mère de Phaéton, inquiète d’Ingrid Perruche et la Théone très digne d’Isabelle Druet (acte III). Christophe Rousset ne dirige pas avec la même énergie furieuse que Marc Minkowski (Entrée des furies à la fin de l’acte III) mais il ne perd jamais le cours du récit tant dans les récitatifs, modèles d’élégance, que dans les airs.

 

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