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Denis Morrier On ne remerciera jamais assez Rémi Cassaigne d'avoir déniché dans la Biblioteca Casanatense de Rome deux recueils manuscrits où sont consignées les oeuvres d'un certain (H)orazio Dell’Arpa. Originaire d’ltalie méridionale, ce harpiste, en fait nommé Michi, a été protégé par les plus influents cardinaux de Rome (Montalto, Barberini, Pallotta, Spada), côtoyant dans leurs cénacles Landi et Rossi, entre autres musiciens fameux. Paradoxalement, il n'a laissé aucune page pour son instrument, mais des cantates morales, madrigaux spirituels ou pastoraux. Frappé par la « singulière véhémence des textes [… ] et par la variété de l'écriture » de ces pièces méconnues, notre luthiste inspiré a construit un programme passionnant. Les oeuvres vocales sont portées par la voix charnue, éminemment lyrique, de Françoise Masset, au vibrato contrôlé jamais envahissant. Conférant à chaque mot, à chaque phrase, toute sa profondeur expressive, elle offre une lecture éloquente, évocatrice jusque dans ses débordements les plus extrêmes, au risque de paraître disgracieuse quand le texte l'y invite (Folle chi crede). Sa maîtrise technique nous éblouit, comme le raffinement avec lequel elle varie ses ornements ‑ voyez les trilli tour à tour haletants ou vindicatifs du bouleversant Sonetto della morte di Christo Signor Nostro.
Plusieurs pages instrumentales empruntées à des contemporains de Michi nous laissent imaginer les musiques perdues du harpiste virtuose. Sa formation napolitaine est évoquée par la magnifique Gagliarda quarta alla spagnola de Trabaci, servie avec élan et grâce par le duo de cordes pincées, tandis que la maturité romaine transparaît dans l'émouvante Passacaglia de Kapsberger, que Rémi Cassaigne aborde avec profondeur et gravité. Une interprétation originale engagée, pour une vraie découverte. |
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