Avec le somptueux (et trop méconnu) Belshazzar de Haendel, les Arts Flo inaugurent leur nouveau label en grande pompe. Ajoutez un copieux livret finement ouvragé à un texte inédit de Jean Echenoz retraçant avec malice les malheurs de Babylone, et vous obtenez un bien bel objet. En dépit d’une captation un peu froide, le résultat discographique récolte les fruits d’une tournée de concerts, dont l’escale Salle Pleyel en décembre dernier laissait augurer le meilleur. Bravo au choeur, protagoniste principal à triple facette selon qu’il personnifie les Juifs, les Perses ou les Babyloniens, modelé d’une main experte par William Christie. On ne sera pas surpris de se croire par moments à Versailles, tant la tenue de sa direction, pourtant jamais prosaïque, retombe vite sous l’empire du Grand Motet à la française. Une conception opposée à celle, d’un dramatisme assumé, de René Jacobs et son Akademie fur Alte Musik (DVD HM/ 2011), avec déjà RosemaryJoshua en Nitocris, dont le timbre chaud fait merveille dans les airs élégiaques (« Regard, O son, my flowing tears ») . Si l’on aime plus le Gobrias de Jonathan Lemalu pour sa présence que pour son émission congestionnée, le Belshazzar d’Allan Clayton, lui, impressionne en conciliant pureté du style et incarnation du personnage, aussi épuisé de stupre au deuxième acte que Hérode chez Wilde/Strauss. Mais le Daniel évanescent de Iestyn Davies et le Cyrus trop faible de Caitlin Hulcup (à la peine dans « Destructive war ») font regretter la version Jacobs qui, en sus de la présence rayonnante de Bejun Mehta, demeurait fidèle à la distribution originale en confiant le prophète à une mezzo et le valeureux prince de Perse à un contre-ténor.

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