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Analyste:
Roger‑Claude
Travers Publié à lnnsbruck vers 1660, alors que Pandolfi Mealli servait à la cour de Ferdinand d’Autriche, les deux Livres de six sonates pour violon, Opus 3 et 4, offrent de beaux exemples de stylus phantasticus, où « le violon est l'absolu dominateur sur une basse réduite au plus simple accompagnement » (dixit Enrico Gatti). Andrew Manze en faisait son miel dans les années 1990, chez Harmonia Mundi. Mystères de l'édition : deux ans séparent la publication de l'Opus 4 de celle de l'Opus 3 pourtant enregistrés lors des mêmes sessions par Ars Antiqua Austria. En expert des connexions entre Autriche et Italie, avec d'intéressants récitals dédiés à Conti, Viviani ou Bertali, Gunar Letzbor garde sa préférence pour une basse continue plantureuse et parfois rugueuse. Colachon (une espèce de luth à long, manche), archiluth, guitare et violone se combinent au clavecin ou à l'orgue, pour assombrir et colorer les éclats du soliste. Lezbor souligne qu'à la cour d'Innsbruck, le timbre différencié des instruments exprimait l'influence de l'opéra sur la musique instrumentale. Cette surabondance est‑elle bien nécessaire ? La logorrhée des cordes pincées, les grondements superflus de la contrebasse relèguent Letzbor dans un coin du décor. Le violon n'est plus qu'un élément du drame vécu par l'ensemble. Écoutez La Stella : l'orgue se fait messager pathétique dans un drame que le violon se contente de commenter.
S'il ose des figurations rapides et des rythmes déments, l'archet bavard et désordonné (Comme aussi dans La Clemente) ne sert qu'une dynamique creuse (La Melana). La sonorité un peu terne manque de magnétisme (La Cesta). Avec le seul clavecin d'une fabuleuse pertinence de Richard Egarr et quelques accords du théorbe de Fred Jacobs, Manze s'attaquait à l'intimité des notes elles‑mêmes, animant d'une vie intense la jonglerie pyrotechnique, avec un son de grande plénitude et une technique incandescente. Discographie inchangée. |
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