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Diapason # 662 (11/2017)
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Sony 88985407012



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Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Jean‑Philippe Grosperrin

« Cleopatra » : c’était déjà le titre d’un remarquable album baroque d’Isabel Bayrakdarian, accompagnée par Tafelmusik, qui avait révélé la stupéfiante scène du suicide dans l’opéra hambourgeois de Mattheson (CBC 2004). On n’en trouvera ici qu’une partie (l’air « Mein Leben ist hin »), comme pendant à l'invocation de l'ombre d’Antoine avec harpe seule. La beauté du timbre et de la phrase, la musicalité sans apprêts de Regula Mühlemann servent ces deux moments, au sein d'un large panorama, de la Venise du Seicento (Legrenzi, Sartorio) jusqu'au Graun de Berlin ‑ l'illustre Égyptienne y côtoie pour l'occasion des princesses homonymes de Syrie ou de Pont. 

La jeune artiste relève en grande partie le défi de cette diversité de formes et de styles en vertu de ses qualités propres: précision vivante du chant, franchise du ton, plasticité, rayonnement d'une voix qui se fait à la fois lumière et chair. Servie par un orchestre séduisant, la vivacité bien assise de « Fra le procelle » (Graun) amène à regretter le vague (ou l'absence) des trilles écrits, mais surtout les airs superbes de Hasse (destinés à Farinelli !) déçoivent en raison d'un caractère hasardeux: les attaques piaillées du da capo dans « Morte col fiero aspetto » sont aberrantes, tandis que l'allure de « Quel candido armellino » dissout dans un flux élégiaque le motif de la proie talonnée par le chasseur.

Le chant offre certes une tenue ravissante mais, comme pour le « Se pietà » du Giulio Cesare de Handel, il faudrait plus de pertinence, de maturité peut‑être. L'extrême juvénilité du timbre n'est pas forcément un atout dans ce contexte. On serait alors près de penser que le baroque flatte moins Regula Mühlemann que Mozart (son précédent album, cf no 653) si la délicatesse d'une cantate d'Alessandro Scarlatti ou les violents contrastes de Vivaldi (Il Ti­grane) ne persuadaient du contraire. Surprise à la fin : la quasi‑canzone de la Cléopâtre de Sartorio, où la soprano partage ses strophes avec la harpiste Katerina Ghannudi ‑ parfait dessert.


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