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Diapason # 662 (11/2017)
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Naive
OP30575



Code-barres / Barcode : 3614977675290

Appréciation d'ensemble: 

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Analyste: Gaëtan Naulleau

 

Partition rarement jouée, où le jeune Bach revendique la maniera italiana, l'Aria variata fut-elle vraiment composée pour clavecin ? On peine à le croire en l'écoutant retaillée pour violon et continuo par Alessandrini. Si chaque figure tombe le plus naturellement du monde dans les nouveaux plis, c'est aussi grâce à Nicholas Robinson, inventif et dominant son sujet. Il nous tient en haleine dans une oeuvre qui nous avait toujours paru longue. Mais le défi de la transcription monte de plusieurs crans dans les Variations Goldberg.

Elles en ont déjà vu de toutes les couleurs en s'éloignant des claviers (trio à cordes... ou de guitares, orchestre de chambre, et même un octuor de bassons épatant, chez MDG), mais jamais jusqu'ici sur instruments anciens. Alessandrini ajuste le nouvel habit pour deux violons, alto, violoncelle, contrebasse et clavecin: un effectif qui permet de moduler, d'une page à l'autre, textures légères et ampleur d'orchestre. Une réverbé­ration mal dosée par les micros amplifie le contraste en empâtant des tutti compacts (dès la Var. I).

Le claveciniste italien, seul au tout début et à la toute fin du cycle, voit dans ce travail l'opportunité de « réécouter la polyphonie des Variations Goldberg avec la magnificence sonore d'un groupe d'instruments à cordes ». Magnificence ? C'est au contraire la faible séduction de la palette et d'un jeu sans véritable subtilité qui pèse sur un arrangement aux solutions ingénieuses (seule la Var. XX résiste obstinément). Les deux violons redoublent d'accents pour clarifier le propos dans l'écriture foisonnante, variée par Bach jusqu'aux limites du possible.

C'est rapide (avec de rares reprises), carré, systématique excitant quelques minutes, fatigant au bout d'une dizaine de numéros. Les phrases se dispersent en coups d'archets au rebond souvent nerveux, les figures en guirlandes et en spirales ne décollent pas. La scansion perpétuelle du clavecin, sautillant ou rustique, n'arrange rien. Et l'économie de chant se traduit fatalement en déficit de polyphonie : démonstration a fortiori dans la Var. XXI puis l'Alla breve (et prémices dans la Canzone en ré mineur, sans tension linéaire).

Les deux violons se partagent la ligne du dessus. Beau principe, mais ingrat. L’archet d’Antonio De Secondi assèche la Var. XIII (Andante), dont il colle les coloratures au métronome. La sublime Var. XXV (Adagio), qui revient à Robinson, flatte davantage l'oreille, mais son caractère se dissout dans un phrasé vague. A qui le tour ? Le défi est aussi périlleux que le projet est passionnant.          

 

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