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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Gaëtan Naulleau Précaution d'un diva consciente de l'évolution de son chant, dix huit ans après le « Vivaldi album » qui la couronnait reine baroque ? Réaction de l'ingénieur du son à un timbre un peu moins concentré que jadis et à une vocalise moins calligraphiée ? Quoi qu'il en soit, ces micros rendent justice au rayonnement profus de la voix en s'écartant enfin des lèvres de Bartoli, auxquelles ils ont été trop souvent scotchés au profit d'une présence spectaculaire. Le plus impressionnant est que le nouveau « sfumato » n'affecte jamais l'énergie du mot - ni ses contours et ses couleurs, dont Bartoli fait un festin en duo avec Sol Gabetta. La première plage, adagio, nous rappelle que « St Petersburg », son précédent opus, rompait avec la tradition des airs d'entrées pyrotechniques et cuivrés. À l'orée du programme, ce « Fortuna e speranza » pose son sommet: dix minutes pour cent nuances de phrasé et mille inflexions du désarroi (« La fortune et l'espérance, occupées à me nuire, se sont souvent moquées de moi »). Rendons à César ce qui est à César, et précisons que nous devons cette perle inédite de Caldara, comme tout le programme, au musicologue Giovanni Andrea Sechi. Partenaire fusionnelle, Gabetta épouse à merveille la diversité d'affects insufflée dans chaque phrase par la soprano. Trois notes, avec Bartoli, sont déjà de la dialectique, Gabetta l'a parfaitement compris, et les simples bariolages de Domenico Gabrielli traduisent sous son archet les incertitudes d'un coeur inquiet. L'air (plage 3) captive aussi par les sections où sa complice s'épanche à mi-voix avec le luth seul. Un florilège pour soprano et violoncelle ne pouvait pas faire l'économie de « What passion cannot Music raise », parenthèse ardente et lente glissée par Handel dans sa grande Ode à sainte Cécile. Cette fois, nous admirons Gabetta davantage que Bartoli, qui tente d'unifier les longs élans extasiés avec plus de soin que de naturel. De Handel, retenons plutôt l'air accablé d'Alceste (Arianna in Creta), pour l'énergie viscérale et millimétrée de la déclamation: l'ampleur de l'éventail expressif déployé depuis le mot est une leçon. Les airs rapides ne sont pas tous inoubliables, mais tous admirables.
Sol Gabetta, plus connue dans
Chostakovitch et Elgar que sur cordes en boyaux, est pourtant loin d'être une
touriste en terre baroque - où son frère Andrés, qui tient ici le premier violon
de l'orchestre, s'est fait une place. Le concerto de Boccherini, kaléidoscope
d'une fantaisie brillante dans les allegros, gagne en fin d'album une
interprétation merveilleusement détaillée, très calculée - un peu moins
généreuse que dans notre souvenir, lors du concert qui inaugurait la tournée …
Les irisations de la soliste dans l'étrange Andante lentarello auraient
mérité les répliques d'un hautbois plus charnu, et culminent dans la poésie des
cadences signées par Sergio Ciomei.
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