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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Loïc
Chahine Si l'univers poétique de l'air de cour se fait toujours aussi rare au disque, il est plus rare encore d'y entendre des Sesto, des Dorabella, des Idamante, des Lazuli, des Marguerite ‑ cinq rôles où Marie‑Claude Chappuis a fait valoir sa forte personnalité et son chant discipliné. Son programme nous rappelle que le répertoire aujourd'hui regroupé sous le nom d'air de cour englobe deux générations: les airs de cour à proprement parler, du premier XVIIe siècle (en version originale polyphonique ou en réduction pour une voix et luth) et les « airs sérieux et à boire » de la seconde moitié du siècle, avec basse continue (dont Lambert fut le champion). Ces musiques ont en commun d'être aussi bien destinées à des audiences réduites que d'avoir été parfois intégrées au ballet de cour sous la forme de « récits ». Ainsi, l'air « Rochers, vous êtes sourds » de Lully vient tout droit du ballet des Amours déguisés, et le Récit de la Beauté de Lully et Lambert de la comédie‑ballet Le Mariage forcé de Molière. « Sous l'empire d'amour » illustre toute la variété de cette production, depuis les premiers airs avec luth, autour de 1615, jusqu'au dernier recueil de Michel Lambert (1689), de la dramatique Plainte italienne de Psyché (Lully) au léger « Amis enivrons‑nous » de Moulinié, du célèbre et funèbre « Ombre de mon amant » de Lambert au grivois « Un satyre cornu » de Bataille. Marie‑Claude Chappuis nuance un mezzo‑soprano au timbre mat et plein, au chant très droit, très expressif. Elle s'autorise des passages en voix parlée dans les airs comiques, et prend le parti d'une certaine noblesse, un peu distante. Malgré les inflexions effleurées, les agréments presque indescriptibles, la ligne est toujours admirablement tenue. Le chant se teinte çà et là d'une légère sprezzatura, et il faut prêter l'oreille au traitement du texte pour percevoir la richesse des intentions, car elles sont discrètes. Trop ? « Ombre de mon amant » ne gagne pas forcément à une lecture si diaphane, peu dramatisée, malgré une fin suspendue du plus bel effet. Détecter l'ironie dans « Ma bergère est tendre et fidèle » suppose d'être très attentif à la (sur) articulation un peu grotesque sur le vers « Elle aime son troupeau, sa houlette et son chien ». On entend le sourire bienveillant dans « Ma bergère non légère» ou « Répands, charmante nuit ». Aucun air n'est traité sans parti pris, quoique certains semblent peu réussir (« Ruisseau qui cours après toi‑même », ultralent). Seul soutien de la voix, l'archiluth de Luca Pianca offre un accompa-gnement aussi généreux, « détaillé » et enveloppant que, le mois dernier, à Roberta Mameli dans un programme italien (Diapason d'or, cf. no 663). Il s'émancipe pour des pièces de luth de Robert Ballard, arrangements d'airs à danser, et de Jacques Bittner (vers 1680), jolies mais moins fascinantes. |
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