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Diapason # 662 (11/2017)
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Alpha  
ALPHA371



Code-barres / Barcode : 3760014193712

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Jean‑Philippe Grosperrin

« Agitata », du Vivaldi à l'entame, mais extrait de Juditha triumphans, car il ne s'agit nullement d'un programme d'airs d'opera seria. Le premier intérêt de l'album où règne Delphine Galou est de proposer un panorama original de la musique sacrée en Italie aux XVIIe et XVIIIe siècles, de la diversité de ses formes (l'influence de l'opéra n'est pas la règle), mais surtout (le chef y insiste) de « l'implication émotionnelle en contexte spirituel ». La magnifique sinfonia de la Passione di Gesù de Caldara offre un attrait supplémentaire. 

Les trois oeuvres pour voix et continuo par lesquelles se clôt le programme illustrent magistralement ce propos : profondeur poétique de la Lamentation pour le mercredi saint de Stradella, mobilité des affects dans le motet splendide de Torelli pour le vendredi saint (Lumi dolenti lurni), plasticité du discours et mystère contemplatif devant le saint sacrement dans la cantate O spiritus angelici de Giovanni Battista Brevi, vraie révélation. L’alto sensible, éloquent, de Delphine Galou y excelle, son sens des climats égalant son élégance mobile et une acuité rhétorique partagée avec Ottavio Dantone. 

Il arrive pourtant à ce chant de manquer d'assise et de plénitude sonore. La disproportion entre la véhémence des instruments dans « Agitata infido flatu » et une voix somme toute fragile (le timbre trahit des fléchissements) a quelque chose de décevant. Et si on admire l'unité du discours avec un orchestre parfait d'allure dans le Porpora, et partout l'imagination réglée qui préside à l'ornementation des da capo, les clairs‑obscurs du texte appelleraient sans doute un jeu plus solide des coloris.

En dépit de ces limites, l'air majestueux et ondoyant de la Judith de Jommelli (on aimerait entendre l'intégralité de cette Betulia liberata) est plus favorable à une artiste qu possède indéniablement l'intelligence de la phrase, et une poésie qui lui est propre. Un beau disque, aussi éclairant qu'attachant, et qui honore ses concepteurs.


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