Texte paru dans: / Appeared in:
*


Diapason # 652 (12/2016)
Pour s'abonner / Subscription information


Ligia Digital
LIDI0202313-16



 

Appréciation d'ensemble:

Outil de traduction (Très approximatif)
Translator tool (Very approximate)
 

Analyste: Jean-Philippe Grosperrin

Il y en avait un troisième! Deux musiciens méridionaux, Campra puis Mondonville, ont bâti la gloire du motet à grand choeur sous Louis XV, mais il faut leur ajouter Blanchard, maître provençal qui oeuvra à la chapelle royale de Versailles entre 1738 et 1770. Jacques Grimbert (Adda, 1992) avait mis au jour le trésor de ses Jubilate (1743) et Misericordias (1762) avec le Te Deum dit de Fontenoy, que Michel Lefèvre (EJV, 2003) couplait avec flamme à l'étonnant ln exitu Israel, chef‑d’oeuvre de 1749 célébrant la sortie d'Egypte. Ce grand motet saturé d'images sublimes couronne le nouveau disque, enregistré en concert à Montpellier, après deux motets inédits de 1741 et 1742.

D'un charme très varié, l'ensemble soutient la comparaison avec les spectaculaires ln exitu Israel et De profundis de Mondonville, car Blanchard atteint un équilibre magnifique entre évidence du recueillement et mobilité des constructions imaginatives. Cet équilibre unificateur est aussi la qualité maîtresse de Jean-Marc Andrieu et de son orchestre diligent, coloré et bien assis, poursuivant ainsi les progrès déjà notés par Sophie Roughol dans leur série consacrée à Jean Gilles (cf. no 609). Fraîcheur et euphorie des tournures supposées « provençales », alliance des solistes et des vents (bassons, hautbois), intensité dévote ou dramaturgie saisissante des tableaux sonores, tout s'articule, avance, danse quand il faut et parle avec naturel la langue de Blanchard.

Délectation avec les draperies frémissantes du choeur de chambre Les Eléments, préparé par Joël Suhubiette, qui trouve les couleurs et l'éloquence appropriées. Les solistes sont moins égaux, çà et là victimes du live.

Le soprano d’Anne Magouët a mûri heureusement, produisant d'intéressantes rencontres avec celui, plus vert, de Cécile Dibon‑Lafarge. Le relief d'Alain Buet repose sur un activisme rhétorique parfois raboteux, nuisible à la majesté du discours, et l'art délicat de François‑Nicolas Geslot ne compense qu'en partie une voix fragilisée ce soir‑là, notamment par la difficulté redoutable de l'écriture (« Simulacra gentium » dans In exitu Israel). La somme l'emporte cependant sur les parties pour célébrer une figure majeure du siècle de Louis XV, admiré de Rameau dit‑on, et de ce répertoire du grand motet, à cheval sur l’église et le concert, où il reste tant à entendre.


 Support us financially by purchasing this disc from eiher one of these suppliers.
  FR  -  U.S.  -  UK  -  CA  -  DE  JA -  
Un achat via l'un ou l'autre des fournisseurs proposés contribue à défrayer les coûts d'exploitation de ce site.
 

   

Cliquez l'un ou l'autre bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
 Click either button for many other reviews