Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Appréciation d'ensemble:
 |
Outil de traduction (Très approximatif) |
|
Analyste: Philippe Venturini Plus qu'un titre ou qu'un programme, c'est un manifeste. In War & Peace : Harmony through Music. Ce disque rappelle que Joyce DiDonato est une artiste engagée, emportée par les dérives du monde et non préservée dans sa bulle. On sait que la mezzo-soprano américaine avait chanté dans un célèbre pub gay de New York en réponse au massacre du 12 juin dernier à Orlando et avait manifesté son désaccord avec les lois anti-homosexuels en Russie. Les attentats qui ensanglantent la planète l'ont poussé à poser cette question : « Est-il possible de trouver une paix sincère et durable au milieu de ce chaos assourdissant ? » demande-t-elle dans le texte d'accompagnement. Aussi a-t-elle cherché la réponse dans des opéras baroques de Haendel, Purcell et Jomelli où s'opposent des sentiments extrêmes, où les échos des champs de bataille succèdent aux chants d'amour. La première partie du disque aligne ainsi des sentiments d'effroi, de fureur, de vengeance, de désespoir ; la seconde enchaîne des airs sereins, enjoués et apaisés. Mais comme le projet de Joyce DiDonato dépasse le seul cadre artistique, il dispose même d'un site Internet (inwarandpeace.com) sur lequel chacun peut apporter sa réponse à cette difficile question. Le livret du CD reporte ainsi, en anglais, les recettes de certains hauts magistrats, prisonniers, militaires, scientifiques, de l'écrivain Donna Leon, du chef d'orchestre Riccardo Muti, du pianiste Alfred Brendel ou de la styliste Vivienne Westwood. Le génie dramatique de Haendel ouvre le parcours de ses montagnes russes du sentiment par un saisissant air de Jephté où se bousculent des visions d'horreur. Il sera sollicité pour le conclure, par le lumineux « Da tempeste » extrait de Giulio Cesare, évoquant le retour sain et sauf après les épreuves. Entre ces deux étapes, la chanteuse, très efficacement et attentivement soutenue par Il Pomo d'Oro, sous la direction de Maxim Emelyanychev, aura connu des hauts et des bas dans lesquels elle entraîne, avec le charisme qu'on lui connaît, un auditeur qui ne demande qu'à la suivre, même quand elle le mène vers l'inconnu (airs de Leo impressionnant « Rendi quel ferro » et Jommelli en première mondiale). Dans cette sélection de chants plus beaux les uns que les autres, on signalera des Purcell d'une noblesse insigne (« They Tell Us » de The Indian Queen), un céleste « Augelletti » (Rinaldo de Haendel) ou un « Crystal strems in murmurs flowing » (Susanna de Haendel). De tels moments donnent un accès privilégié à l'harmonie. Difficile ensuite de revenir sur terre. |
|
