Texte paru dans: / Appeared in: |
|
Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Gaëtan Naulleau
Les principaux
manuscrits qui nous transmettent la musique de Froberger placent en tête ses
toccatas, emblématiques de son art comme de son caractère: Bob Van Asperen
choisit au contraire de clore avec elles l'intégrale en huit volumes distillée
depuis 2001 sous les micros virtuoses d'Aeolus. Nous retrouvons plages 2 et 20
la même Toccata Il en ré mineur: embardées déclamatoires, plongées
subites dans des accords bizarres, fugue tendue sur un contre‑sujet chromatique,
et une dernière fugue qui, trois siècles avant Désorde (la première Étude
de Ligeti), s'ingénie à décaler sans cesse les points d'appuis. Plage 2, le «
tube » pétille au clavecin, comme d'habitude ; plage 20, elle monte à la tribune
d'orgue. Bob Van Asperen organise si bien le déménagement qu'elle ne
s'empâte pas un instant. Et contre toute attente, l'effervescence rythmique de
la dernière fugue nous saisit plus encore qu'au début du disque. Mais revenons à notre Toccata en ré mineur, déjà présente dans le Volume IV, avec les variantes d'une autre source manuscrite : le Labrèche insufflait une grandeur somptueuse au parcours théâtralisé, dont les revirements, les suspensions, les silences sont désormais mis à nu sur le F.A. Van Asperen déjoue sa sécheresse naturelle (et jusqu'à un certain point délectable) en projetant son propos toujours loin devant. Pas en ligne droite pour autant : il ménage souvent (péché mignon ?) des inflexions rythmiques capricieuses, comme dans la fugue de la Toccata X, savamment boiteuse, L’instrument présente plus de douceur quand un seul des deux jeux est utilisé, mais la plupart du temps, les deux sont tirés, comme le veut l'usage italien. Un ingénieur du son hédoniste aurait arrondi les angles avec un soupçon de réverbération, mais le toujours excellent Ulrich Lorscheider préfère capter ‑ sans surproximité ‑ le grain cru et la prononciation du F.A.
On mesure la longue fréquentation de ce répertoire, cher entre tous au coeur de
Van Asperen, à sa façon de ménager à la fois l'extravagance attendue et une
certaine nonchalance (voir les guirlandes initiales de la Toccata X, qui
profitent d'une décontraction inhabituelle). Les alléluias joyeux de deux motets
modestes (d'attribution incertaine, ...) et les encens harmoniques de deux
longues toccatas « pour l'élévation », sur les jeux trémulants, apportent des
respirations bienvenues entre la concentration des quinze autres toccatas.
Fallait‑il les aligner sur un album ? L'intégrale y gagne, en tout cas, en
lisibilité ‑ les huit toccatas absentes ici sont à chercher, à l'orgue, dans les
Vol. V et VI. Une introduction érudite et complète signée par l'interprète
ajoute à l'importance éditoriale d'une somme sans précédent (le cycle de Richard
Egarr pour Globe était moins exhaustif), à la gloire d'une des figures musicales
les plus impressionnantes et attachantes du XVIIe siècle. |
Support us financially by purchasing this disc from eiher one of these
suppliers.
FR -
U.S. -
UK
-
CA -
DE -
JA -
Un achat via l'un ou l'autre des fournisseurs proposés contribue à
défrayer les coûts d'exploitation de ce site.
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD
Click either button for many other reviews