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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Denis Morrier Cavalli ? Quel que soit l'auteur dont elle s'empare, Christina Pluhar sort du même livre de cuisine là même sauce épaisse et sucrée. Sous le nappage, tout se ressemble.
Elle métamorphose aujourd'hui en « pop baroque » quelques pages parmi les plus connues des opéras les plus joués de Cavalli : La Calisto (cinq extraits), L’Ormindo, La Didone, L'Artemisia, La Rosinda. La plupart de ces airs sont confiés à la voix immédiatement séduisante de Nuria Rial, qui évite parfois avec élégance (« Vieni in questo seno » de La Rosinda) le naufrage stylistique où l'entraîne un environnement sonore invraisemblable. Comme tout cela scintille, encore et toujours... Les arrangements revendiqués par Pluhar multiplient les cordes pincées livrées à elles‑mêmes. Le psaltérion, aussi déplacé dans ce répertoire qu'envahissant, est bien au rendez‑vous. Pardon : les psaltérions, cette fois. Et des percussions, allez! L’ensemble, amalgamé sur des basses lourdingues, ruine « Verginella io morir vo'», dont l'image sonore nous ramène à la disco des années 1970. Et pourquoi confier au cornet la mélodie suave du « Piante ombrose », avant de la redonner à la soprano, dès lors soutenue par un accompagnement de cordes ajouté, et enfin lui superposer, pour conclure, les ornements du cornet ?
Tout le long du disque, les instruments parasitent le discours de la chanteuse sans jamais vraiment dialoguer avec elle, ni même la soutenir. « Ninfa bella »,porté par la voix lumineuse de Hana Blažiková, est prétexte à des improvisations et à une tambourinade d'un goût autrement plus douteux que celui qui avait présidé à l'enregistrement de Dominique Visse avec René Jacobs (HM). Enfin, les deux lamenti de Didone voient se côtoyer le meilleur et le pire: « L'Alma fiacca svani » est pollué de vulgaires effets parlando tandis que, dans le chromatique « Alle ruine del mio regno », une illumination surgit lorsque la voix se fait entendre, sans apprêt, avec le seul soutien de la basse de viole: cette soudaine économie de moyens permet enfin à l'émotion de s'épanouir.
Dans son ouvrage Le Dialogue
musical, Nikolaus Harnoncourt légitimait les arrangements pour les
répertoires du Seicento. René Jacobs, avec ses réalisations d'opéras
vénitiens, a élargi ce chemin. Les albums de Christina Pluhar creusent
désormais un boulevard où tout se mélange indistinctement : la volonté
obsessionnelle de flatter l'oreille sans répit et la dérive stylistique sont
moins navrants, en vérité, que l'absence d'enjeu expressif. Musique
d'ambiance.
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