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Denis Morrier En 1989, Philippe Herreweghe, avec son Ensemble vocal européen, offrait à l’ultime publication de Gesualdo (précédemment révélée par le Deller Consort puis par Segarra et ses chantres de Montserrat) une nouvelle référence discographique. Dans une passionnante confrontation entre l’office du samedi saint et le Requiem de Sandro Gorli (compositeur italien né en 1948), le chef belge livrait une interprétation dense, concentrée, à l’expression poignante, mêlant contrition et théâtralité. Avec son mythique ensemble gantois, il nous propose aujourd’hui l’intégralité des trois offices, complétée par le Benedictus et le Miserere. Cette lecture chorale, qui réunit une quinzaine de chanteurs pour chacune des pièces, impressionne par sa perfection technique, la beauté et l’équilibre des timbres (jusque dans ses basses abyssales), la cohésion et la justesse parfaite de l’ensemble. Mais l’interprétation de ces compositions labyrinthiques, au mysticisme erratique, paraît tout extérieure, et surtout d’une réelle froideur. Les dissonances et les excentricités sont toutes gommées. L’expression du doute et du mystère divin, à laquelle invite l’écriture paradoxale du prince de Venosa, entre académisme et fulgurances visionnaires, se mue en une religiosité convenue. Le sentiment d’inexorabilité qui émanait de la première version fait place à une impression de monotonie, voire de raideur, le « théâtre intérieur » se manifestant surtout par de subites agitations ou des exclamations péremptoires qui ne parviennent pas toujours à convaincre. On retournera donc à l’ancienne gravure, ou encore à celle, plus récente, de l’ensemble Tenebrae (Archiv, cf n° 613), également chorale, tandis que les versions solistes (Hilliard, A Sei Voci) dominent toujours la discographie déjà riche de ces chefs-d’oeuvre insondables. |
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