Texte paru dans: / Appeared in:
PHI |
|
Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Guillaume Bunel Dernier recueil publié par Gesualdo, la même année que ses deux derniers livres de madrigaux, le cycle de répons pour la Semaine Sainte qui forme les Tenebrae Responsoria semble être rapidement tombé dans l’oubli, jusqu’à sa redécouverte récente. Il est aujourd’hui reconnu, à juste titre, comme un chef-d’oeuvre de la maturité. Le style de Gesualdo est bien reconnaissable : néanmoins la tension extrême à l’oeuvre dans les madrigaux du compositeur, leurs audaces saisissantes se trouvent quelque peu modérées dans ces oeuvres sacrées. Malgré cela, aucun compositeur, sans doute, n’était encore allé si loin dans l’usage des chromatismes dans une oeuvre sacrée : l’irruption d’un langage si expressif aurait pu choquer dans un cadre liturgique. Cela ne semble pas avoir été le cas : l’engagement religieux de Gesualdo, ses relations avec de hauts dignitaires ecclésiastiques éloignent d’ailleurs tout soupçon. Plusieurs enregistrements des Tenebrae sont déjà disponibles : en particulier celui, remarquable, des répons du jeudi saint par les King’s Singers (Signum, 2004). Dans la présente version, l’effectif est celui d’un véritable choeur, à deux voire trois chanteurs par partie, ce qui exclut d’emblée une souplesse comparable à celle des versions avec solistes. La lecture se fait par conséquent plus raide, et les inflexions de tempo requises par l’expression extrême semblent moins spontanées, presque calculées parfois. Les intonations sont certes précises, le contrepoint remarquablement clair, mais le phrasé n’a pas cette souplesse expressive : plus sage, plus austère aussi, ce disque prend un parti tout autre : pas aussi convaincant, sans doute.
| |
|
|
|
|
Cliquez l'un ou l'autre
bouton pour découvrir bien d'autres critiques de CD |