Texte paru dans: / Appeared in:
Ondine |
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Appréciation d'ensemble: |
Outil de traduction (Très approximatif) |
Analyste:
Gaëtan Naulleau Imaginez le fils caché d'Isabelle Faust et de Pablo Casals, et vous aurez une petite idée du choc procuré par les nouvelles Sonates et partitas de Christian Tetzlaff ‑ premier violoniste à les avoir gravées trois fois. _______________________________ Il n'avait pas vingt-sept ans ‑ lunettes rondes et physique de grand-étudiant ‑ quand il affrontait pour la première fois l'Everest des violonistes en studio, C'est peu dire que l'album paru chez Virgin a impressionné son monde. Dominique Cospain, dans l'article qui le couronnait d'un Diapason d'or, ne tarissait pas sur la « subtilité », la « légèreté » de touche, sur la « sensation d'effort disparue » sous l'archet de Christian Tetzlaff, et l'ampleur naturelle » qu'une intonation superlative accorde à l'harmonie. « Grâce à cette véritable libération de la main gauche, toute l'attention se reporte sur le jeu d'archet, d'une constante variété. » C'était exactement ça, et personne n'avait jamais rien entendu de tel. Le choc de 1993 est devenu un classique, suivi en 2006 d'un remake sensiblement plus tourmenté et plus sévère (impression soulignée par une captation très sèche). Puis l'intégrale d'Isabelle Faust repoussait également les limites du possible, en termes de raffinement, d'incisivité du détail rhétorique, de souplesse polyphonique. Nous devrions donc arriver en terrain familier devant la troisième version que nous livre le jeune quinquagénaire ‑ cheveux longs, sans lunettes ‑, mais nous en sommes loin. Christian Tetzlaff a tant assimilé ce cahier, fréquenté sans relâche, joué régulièrement en concerts, qu'il peut l'incarner aujourd'hui dans la vision la plus subjective qui soit. Si les partis pris sont extrêmes, le moindre porte à conséquence. Et les micros (fantastiques) ne glissent aucun voile devant les plaies à vif du Grave en la mineur. Intellectuel, oui, viscéral, plus encore, Tetzlaff nourrit un autre paradoxe: une lecture si touffue, si dense d'intentions, d'écarts dynamiques, de couleurs inouïes et furtives (le Tempo di borea !), d'affirmations flamboyantes suivies de repentirs, devrait épuiser l'auditeur au bout de quelques plages. Au lieu de quoi nous n'avons jamais eu autant de facilité à suivre le cahier entier ‑ y compris son volet le plus ingrat, la Partita en si mineur. VERS LA JOIE Nettement plus creusé qu'en 1993, le rubato « parlé » de l'archet ne dévie jamais l'élan du danseur. Orateur de l'instabilité, Tetzlaff, voit dans la Fugue en sol mineur des zones de tâtonnement, d'impatience et de caprices qu’avec lui, nous abordons en confiance. L'Allemande en rê mineur supporte-t-elle vraiment toutes les torsions qu'il y insuffle ? Pour une fois, la question se pose, mais s'éteint dans la Sarabande, qui ose vous prendre à la gorge. Plus grandiose encore que la Chaconne : la façon dont elle s'enchaîne à l'Adagio sinueux en do majeur. Plus fort que la triple fugue : sa contrepartie murmurée dans le Largo, puis la joie de l'Allegro assai, joie de l'enfance. La qualité des lumières qui inondent la dernière Partita est à la mesure des épreuves terribles que Christian Tetzlaff nous a donné le courage de traverser avec lui. |
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