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Diapason # 661 (10/2017)
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Son an Ero


 

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Xavier Bisaro

 

Il était une fois... un village de moins de deux cents habitants entre Madrid et Saragosse où, venu pour restaurer l'instrument de la paroisse, un facteur est mis sur la piste d'un autre orgue oublié dans un couvent voisin. Recueilli dans son atelier, l'objet de sa découverte est repéré par des organistes français de passage qui se piquent de le faire transporter aux portes de Paris ! Un peu de hasard, beaucoup d'intuition et un financement participatif rondement mené par une association (www.lartdelafugue.org) ont ainsi permis l'installation à Fresnes, près de Paris, d'un splendide spécimen de la facture espagnole que ce disque entend présenter sous deux aspects.


Versant contemporain : les miniatures méditatives de Géraud Chirol (né en 1962), écrites pour quatre mains, s'inspirent de motifs (Alamire), de timbres (Lleno) ou de techniques d'écriture historiques (Eco, sur les contras) pour garantir, s'il le fallait, qu'un tel orgue n'est pas une pièce de musée. Ce qui se révèle plus flagrant encore dans les plages de... musique « ancienne », tant est remarquable la vitalité avec laquelle sont illustrés les grands jalons de l'histoire de l'orgue hispanique. Incontournables (Cabezon, Cabanilles, Correa de Arauxo), seconds rôles pittoresques (Baptista) et raretés du répertoire portugais alternent habilement avec les créations contemporaines, en un déploiement de toutes les possibilités d'un instrument de taille pourtant réduite. 

Mécanique courte, harmonisation impeccable et acoustique peu réverbérée : tout concourt à mettre en valeur la finesse et la sensibilité du jeu des trois interprètes. Un exemple ? Une Batalla Imperial de Cabanilles qui, sous les doigts de Jean‑Luc Ho, offre un tableau changeant de l'art militaire ancien, bruissant de sonneries, roulements et charges sans que les chamades n'écrasent l'ensemble. Ou, dans un tout autre genre, le Tiento XV de Correa dont la polyphonie chante éperdument, sobrement parée de l'alliage du violon et du flautado (bourdon et prestant). Le programme entier mériterait d'être cité tant instrument et organistes sont ici au diapason des mêmes valeurs: concentration des moyens, perfection du détail, profondeur de ton, sans oublier une irrésistible énergie.


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