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Diapason # 662 (11/2017)
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Arcana
A434



Code-barres / Barcode : 3760195734346

Appréciation d'ensemble:

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Analyste: Philippe Ramin
 

Le manuscrit Bauyn fait partie des sources les plus précieuses du clavecin français au mitan du XVIIe siècle ‑ aucune édition ne diffusait alors un répertoire dominé par les figures antinomiques de (Louis) Couperin et Chambonnières. La plupart des clavecinistes parisiens y sont représentés, ainsi que Froberger, grand voyageur et ami de la France. L'extrême variété de styles et les transcriptions de luth constituent un témoignage de première importance pour saisir les, origines de l'école française de clavier.


Giulia Nuti y emploie un instrument exactement contemporain du manuscrit, le Louis Denis de 1658, dont le fort caractère a déjà inspiré au disque Paola Erdas (d'Anglebert), Jovanka Marville (L. Couperin) et Christophe Rousset (idem). C'est un rare exemple de la belle facture française du XVIle siècle, accordé un ton plus bas que le diapason moderne, très vif d'accent ‑ une qualité qui s'apparie à une grande efficacité dans la polyphonie. Le registre grave est puissant et timbré.

Remarquée pour son magnifique disque « Les Sauvages » (Diapason d'or, DHM 2014), Giulia Nuti laisse l'instrument installer son propre temps musical et la guider dans son interprétation des ornements et du phrasé. Les instruments anciens ont besoin d'être apprivoisés pour se mettre à chanter... Elle se livre à l'exercice avec passion et un soin extrême, donnant un sens à chaque détail rythmique. Après un sombre et hiératique prélude de Louis Couperin, une Suite de Chambonnières met en valeur le chant ferme et très incarné de la claveciniste italienne. Son phrasé clair est un socle précieux sur lequel s'épanouit la sensualité des belles courantes et de l'aimable rondeau. La résonance de l'instrument fait merveille dans la chaconne (généralement attribuée à Louis Couperin). 

L'artiste est attentive aux subtils changements de style, au ton sérieux et modeste d'un Hardel, aux fantasques foucades d'un Couperin (Tombeau de Mr de Blancrocher, Passacaille). Les caractères très différenciés des deux claviers profitent à la délicate et transparente Suite en do de Chambonnières. Quand il prend fin, sur la Passacaille en sol mineur de Louis Couperin, ce récital a rendu sensible la grande variété d'inspiration des maîtres connus ou oubliés dont le Manuscrit Bauyn porte mémoire.

 


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