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Analyste:
Gaëtan Naulleau
" ... on est plus gêné par le «
moi je, moi je, moi je» que Mahan Esfahani appuie sur une accumulation d'effets,
de suspensions et de ralentissements. L’heure d'un baroque « objectif », de
l'interprète « transparent» chez Bach (mythe absurde) n'est plus dans l’air du
temps, Dieu merci, mais la subjectivité est assommante quand elle bombe ainsi le
torse et pèse sur l'incessante densité d'écriture des Goldberg.
Esfahani
est donc entré chez Deutsche Grammophon après un quart de siècle sans
clavecinistes sous ce label. Il entend nous faire savoir qu'il occupe une place
à part dans le monde du clavecin, affranchi des écoles: et les Goldberg,
en effet, nous le montrent à l'écoute de Leonhardt autant que de Staier, de
Kempff (l’ornementation de l’Aria), de Zuzana Ruzickova, qu'il vénère, et
de Wanda Landowska ‑ deux des « femmes de sa vie », auxquelles il dédie l'album.
La variété des moyens stylistiques qu'il maîtrise est un atout en soi, mais ici
elle encombre plus qu'elle ne porte un discours parfois poussif (Var. X, XVI,
XXM) ou pédant (VI, XI, XXVIII avec sa main gauche aux irrégularités
outrées), qui sous-estime le bénéficie de la simplicité. Si l'instrument affiche
un pédigree singulier (Huw Saunders d'après Harrass, ca. 1710), il sonne à peu
de chose près comme un bon vieux Dowd, résonant et ronronnant mais châtré (les
micros y ont peut‑être leur part). Le dialogue de la fée clochette et de l'ami
luth, (Var. XIX) sera affaire de goût.
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