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Outil de traduction (Très approximatif) |
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Analyste:
David
Fiala Difficile d'imaginer productions plus contrastées que ces deux programmes de messes du compositeur officiel de la cour de Bourgogne Habsbourg dans les années 14901510. Leur parution concomitante révèle les profondes divergences d'approche qui distinguent désormais les meilleurs spécialistes de l'âge d'or de la polyphonie a cappella. Petit choeur mixte anglais (à deux sopranos, trois altos féminins, deux ténors et deux basses) du côté du Brabant Ensemble, octuor flamand à voix d'hommes de l'autre : avec deux diapasons distants d'une quarte environ, la différence de sonorité est évidemment frappante, Ce n'est là qu'une des conséquences de deux démarches contraires, que les textes de présentation soulignent: alors que Stephen Rice rédige un guide d'écoute très fouillé de la musique, soulignant les procédés et les effets du contrepoint, la Cappella Pratensis développe le contexte historique et liturgique de son programme, présenté par une musicologue avec laquelle le groupe a déjà produit un film marquant: la reconstitution complète, en costumes, d'une cérémonie de commémoration en musique dans une chapelle d'une église de Bruges en 1487 (www. obrechtmass.com). Ici encore, l'idée est de donner à entendre un « paysage sonore dévotionnel » : l'intégralité d'une messe à la Vierge telle que la célébrait tous les mercredis une importante confrérie des Pays-Bas, dont fit partie toute sa vie le peintre Jérôme Bosch. Alors que le programme des Anglais enchaîne des oeuvres de Pierre de La Rue (deux messes, un Salve regina et un Magnificat), celui des Flamands alterne plain‑chant (mesuré en valeurs lentes), polyphonies anonymes et plages d'orgue autour des cinq sections d'une messe du maître, poussant, comme à leur habitude, la reconstitution liturgique jusqu'à la disposition spatiale : chanteurs serrés autour d'un unique lutrin sur lequel ils lisent la notation originale en parties séparées. Bref, d'un côté, un récital choral dans la plus pure tradition anglaise, de l'autre une reconstitution historiquement informée. Chacun avec ses atouts, les deux disques sont du plus haut intérêt et de qualité : s'ils ont tout pour nous convaincre, ils ne nous transportent pas vraiment. L’engagement, les phrasés énergiques et les intonations impeccables du Brabant Ensemble sous la direction enlevée de Rice font scintiller le contrepoint quand les lignes plus indécises et les timbres moins concentrés de la Capella Pratensis souffrent de microdécalages rythmiques et de hauteurs qui brouillent parfois un peu l'harmonie. La différence de diapason n'est évidemment pas pour rien dans ce contraste, tant la précision individuelle et collective est plus délicate à atteindre dans les registres vocaux graves. Inversement, si le diapason aigu offre brillant et limpidité, les sopranos du Brabant Ensemble tendent à dominer la texture et à lasser l'oreille. Le programme des Flamands évite cet écueil, grâce à sa variété.
Choisir entre les deux options sera surtout affaire de goût ou d'envie du
moment: pour une écoute analytique d'un dense et généreux programme de musique,
tapez 1 ; pour rêver et penser à des sons disparus, tapez 2. |
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