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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Laurent Muraro‑Marcinik Éblouissant dans Rameau ou Scarlatti, mais un peu plus décevant dans les concertos de Bach avec Labadie, qu'allait donc faire Alexandre Tharaud dans les Goldberg ? Nous égarer d'abord. Il a fallu nous y reprendre à plus d'une fois pour goûter comme il se doit la petite musique de ces Goldberg : légers décalages entre les deux mains, accents qui tombent où on ne les attend pas, ornements capricieux qui s'invitent lors des reprises, lignes contrapuntiques tellement indépendantes qu'elles semblent parfois ne plus se répondre, rien n'est fait pour nous faciliter la tâche !
Ces Goldberg, Tharaud en parlait en tout cas depuis longtemps, retardant le moment de leur rencontre au disque, lui qui confiait en 2013 à Vincent Agrech,dans nos colonnes avoir été marqué (comme beaucoup ... ) par la première version de Gould, y apprenant à « aimer et comprendre le génie d'un artiste qu'on ne prendra pas pour modèle ». Espérant pour ses futures Goldberg que « nul n'y cherchera des façons "alla Gould", mais qu'un certain esprit. consistant à allier une construction immédiatement tendue de la grande arche à la clarté de réalisation du détail, saura un peu m'inspirer. »
Pari aux deux tiers tenu dans une vision qui suit sa route de façon à la fois tranquille et décidée sur le long terme... mais dont la réalisation dans le détail éveille notre curiosité sans forcément être toujours limpide. Il y a chez Tharaud, par exemple, une gourmandise des ornements et des variantes (Variations VII, X, XIII, XXVI ... ) qui viennent relever le climat de grande douceur que l'on peut trouver par ailleurs (Aria, Variations IX, XI), ou clarifier les interrogations nées de certaines variations canoniques plus suggérées qu'affirmées (la Variation XVIII, où tout diffère entre les deux voix principales, phrasés, nuances, couleurs). Qu'on ne s'y méprenne pas, Tharaud ne cherche pas à orchestrer ses Goldberg, mais plutôt à les éclairer sous des angles différents, à la façon d'un exercice de style.
Un seul vrai regret pour nous : les trois variations en mineur n'équilibrent pas l'édifice comme il se doit, que ce soit dans les notes répétées de la XV avançant à marche forcée, ou dans le climat de la XXV manquant un peu de mystère et de grandeur. Riches, fouillées, souvent passionnantes, parfois agaçantes, des Goldberg éminemment personnelles dont la force de conviction croît à chaque écoute.
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