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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Sophie Roughol Méditation confiante sur l'au‑delà, les textes choisis par Heinrich Reuss, seigneur de Gera, sont gravés sur son cercueil et servent de trame à la première partie du « requiem allemand » qu'il commande à Heinrich Schütz. Ils précèdent un prêche en forme de motet pour double choeur puis le Cantique de Siméon : un choeur accompagne l'âme au ciel quand l'autre rythme la procession finale.
Ces Musikalische Exequien sont désormais chantés ‑ sauf Rademann exploitant en 2011 les couleurs du Dresdner Kammerchor (cf no 601) par des groupes de solistes. Après Benoît Haller, qui affermissait le discours par la projection des voix et un continuo fourni (K617, Diapason d'or, cf. no 553), puis Lionel Meunier, d'une impressionnante ductilité (Ricercar, Diapason d'or, cf. no 593), Sigiswald Kuijken fait le choix de cet effectif léger, qu'il pratique depuis dix ans dans les cantates de Bach.
Le médium de la capella revient à deux ténors aigus plutôt qu'à des altos ou contre‑ténors, et le diapason se hisse à 465 Hz pour épouser « celui de l'orgue au temps de Schütz ». Il en ressort une lumière singulière, un équilibre polyphonique centré sur les voix d'hommes ‑ les deux sopranos diaphanes auréolent les échanges plus intenses des parties intermédiaires. Les nuances vocales sont fusionnelles, avec une transparence toute « italienne » pour les séquences madrigalesques à deux ou trois voix (duo des ténors « Wenn eure Sünde gleich blutrot wäre »). L’ancrage au texte est excellent: la franchise des intentions rappelle, dans une tout autre esthétique, l'éloquence de Haller. Mais dans le double choeur final « Herr nun lässest / Selig sind die Toten », Vox Luminis apportait plus de densité spirituelle (et spatiale) et plus de subtilité oratoire.
La première moitié de l’album aligne cinq motets funèbres extraits de différents recueils, avec celui composé en l'honneur de Schein, Das ist je gewisslich wahr doté de doublures instrumentales très présentes. On peut rêver d'un soprano plus charnu que Marie Kuijken dans le sublime Was betrübst du dich meine Seele ? en duo, mais pas d'un chant plus direct, comme celui d'un petit chanteur. Les contrastes sont dessinés avec une ardeur splendide dans le Aus der Tiefe en double choeur ‑ qui ouvre l'album sur un refus emblématique des peaufinages esthétisants.
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