Texte paru dans: / Appeared in:
Ricercar |
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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Jérémie Bigorie Aux chromatismes inouïs du Sacrarum Cantionum qui, même en 2014, ne laissent pas de surprendre, l'interprétation de Paolo Da Col confère un surcroît d'étrangeté en colorant le geste choral avec une poignée d'instruments, une palette que l'on trouvait déjà dans sa Missa in illo tempore de Monteverdi (également chez Ricercar), jouée d'ordinaire a capella. L’oreille se trouve alors en présence de motets que l’accompagnement du cornet, d'un ensemble de violes, d'un luth et d'un théorbe tire vers la Seconde pratique lors même que la grande originalité de Gesualdo fut de rester fidèle à la Première, en enrichissant le langage harmonique à défaut de bouleverser la forme et l’instrumentation. À vin nouveau, outres
nouvelles semble nous dire le chef. Pourquoi pas ? Ces textes liés au culte
marial ou au temps de pénitence, contrairement aux Tenebrae Responsoria
destinés aux offices de la semaine sainte, ouvrent le champ des
possibles quant à un éventuel soutien instrumental. Un autre choix que l'on
trouvera moins heureux ‑ quelque peu aimable que soit Gesualdo comme
compositeur (et comme mari trompé) ‑ consiste à confier les parties aiguës,
à des contre‑ténors aux timbres stridents. À la clarté minutieusement
perfectionniste de la Compagnia del Madrigale récemment couronnée d’un «
Choc » (voir Classica no. 162) répond donc ici une approche moins
abstraite, où l'expressivité n’est pas sans nous plonger au coeur du
mystère, à la manière des vertiges visionnaires du Greco. Quelques
canzone de Trabaci et Macque contrepointent à l'orgue l'univers torturé
du « compositeur assassin ». | |
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