Analyste: Guillaume
Bunel
MOULINIÉ OU
LES ARTS MÉLANGÉS
Quelques‑unes des plus belles pièces du
recueil de Moulinié « Meslanges » trouvent en l’Ensemble Correspondances son
parfait accomplissement.
C'est au genre de
l'Air de Cour que
l'on associe le plus souvent le nom d'Étienne Moulinié: mais ce dernier est
également l'auteur d'une production sacrée singulière et peu connue. De
1627 à 1660, alors que
Moulinié est au service de Gaston
de France, frère de Louis XIIi
et duc d'Orléans, il fournit en effet la musique à la famille du
prince. Musique profane ‑ de ballet notamment ‑, mais aussi sacrée, dont
témoigne notamment le recueil des Meslanges, publié en 1658.
Dédié à la duchesse Marguerite de Lorraine, ce recueil très soigné
rassemble une trentaine d'oeuvres, essentiellement latines: motets, psaumes,
mais aussi de belles Litanies de la Vierge, enregistrées ici. Le
style croise de multiples influences, entre l'écriture ciselée des Airs
de Cour, et les contrastes monumentaux des Grands motets, développés par
les sous-maîtres de la ChapelleRoyale dans les mêmes années. En outre,
Étienne Moulinié se revendique, dans la préface du recueil, d'un usage
personnel des chromatismes, et de « traits [ ... ] assez hardis »,
qui par moments peuvent évoquer les audaces expressives propres au style
italien. Servi comme toujours par une excellente prise de son, cet
enregistrement confirme la stature atteinte par l'Ensemble Correspondances,
l'un des plus remarquables aujourd'hui dans le domaine de la musique
française du Grand Siècle. Même si des ornements plus habités ne déparaient
pas les versions instrumentales proposées de deux des motets, l'engagement,
la rigueur et l'énergie saisissante de tout l'ensemble, et en particulier de
l'équipe remarquable de chanteurs, emportent l'adhésion. Un disque de
référence.
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