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Diapason # 628 (10/2014)
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Harmonia Mundi 
HMC902194




Code-barres / Barcode : 3149020219423 (ID458)

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Appréciation d'ensemble:

Analyste: Gaëtan Naulleau

L’arrivée de Correspondances dans le paysage discographique est décidément une aubaine. En quelques années, la fine équipe mi‑parisienne mi‑lyonnaise a pris une place enviable sans faire sonner tambours et trompettes, sans bomber le torse pour monter à l'assaut des Passions de Bach ou des opéras de Handel. Travailler sur le détail, trouver la grandeur des petites formes est certainement la meilleure façon d'ajuster un style accompli, doublé d'une vraie curiosité de répertoire sous la férule de Sébastien Daucé ‑ on pense aux jeunes Arts florissants, dont le merveilleux album Moulinié (1980, HM déjà) sortait de l'ombre une figure particulièrement attachante du XVIIe siècle français.

Le noyau (une demi‑douzaine de chanteurs, autant d'instrumentistes) et la subtilité de Correspondances font écho à leurs aînés. Mais la manière diffère sensiblement : un peu plus analytique chez Daucé, qui pose un cadre expressif strict pour mieux faire ressortir les détails. C'est la richesse d'une lecture dont on mesure partition en main l'impeccable métier, mais c'est aussi la petite réserve (et vraiment la seule) qui nous apparaît. Moulinié prend ses libertés avec les contraintes du contrepoint en émancipant des solistes, en opposant régulièrement l'écriture à cinq voix et des duos ou trios. Daucé amplifie cette alternance en renforçant,parfois le tutti (avec deux voix par partie, ou des doublures de violes) mais fait primer l'ensemble. L’impératif d'une cohésion immaculée corsète çà et là les gestes vocaux, animés par un propos expressif toujours intelligible mais obstinément mesurés. La polyphonie, après tout, est aussi un principe d'émulation.

L'oreille s'y fait vite, d'autant que la précision lucide de Daucé n'assèche jamais la phrase. La conduite des accents est un modèle : le mot galbé pose un tremplin à la phrase, l'exaltation légère d'Ego flos campi (divin) et du Cantate Domino se renouvelle sans cesse. Daucé change de tempo le moins possible ‑ il faut voir ici le regard d'un musicologue, soucieux d'éviter un certain nombre de facilités qui sont entrées dans l'usage mais que les sources anciennes semblent ignorer. Il s'en passe fort bien pour ajuster les glissements d'un caractère à l'autre dans Ne reminiscaris, superbe motet de pénitence au début ténébreux. Son programme non seulement tire la quintessence des copieux Meslanges, mais glisse aussi des raretés de choix, comme ce Popule meus affligé d’Antoine Boësset, qui pourrait bien devenir un tube.
 

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