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Appréciation d'ensemble / Overall evaluation : | |
Analyste: Philippe
Venturini
DUNFORD,
DAMOUR ET DE LUTH
Une belle anthologie d’oeuvres à la fois vocales et instrumentales qui illustrent magnifiquement le passage entre Renaissance et Baroque, voilà le programme qu'annonce le texte de présentation. De Giulio Caccini (1551‑1618) à Barbara Strozzi (1619‑1677), ce sont ainsi trois générations qui construisent ce Labirinto d'amore balisé de points de repère familiers tels cette Lettera amorosa de Monteverdi, « Amarilli mia bella » de Caccini ou la Canzone spirituela sopra la nina nana de Merula déjà magnifiés par Montserrat Figueras, Sara Mingardo ou Maria Cristina Kiehr. Mais la rareté n'est pas ce qui fait le prix de ce disque. Il existe plusieurs enregistrements, signés Hopkinson Smith (Astrée) et Luca Pianca (Teldec), du Primo libro d'intavolatura di lauto (1611) dont Thomas Dunford a retenu les huit toccatas. Le luthiste, déjà repéré par un premier disque Dowland et Anna Reinhold, éclose dans Le jardin des voix de William Christie, interprètent ce répertoire avec une assurance et une spontanéité sidérantes. Tels des musiciens de jazz qui connaissent leurs standards depuis toujours et se plaisent à en varier l'allure au gré des soirées, ils savent jouer de l'élasticité de la barre de mesure sans perdre le fil directeur. La souplesse et la délicatesse du jeu de Thomas Dunford s'accomplissent dans une lisibilité polyphonique supérieure et une science du discours (la gestion des répétitions et des silences) qui structure chacune des pièces. Comme à la scène, Anna Reinhold impose une présence et une intensité expressive peu communes, troublante sensualité de la douleur amoureuse ou tendresse bouleversée de la Vierge qui connaît le martyre à venir de son fils (Merula). Même privé de fil d'Ariane, il ne faut pas hésiter à s'aventurer dans ce Labirinto et laisser ses sens s'abandonner. | |
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