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Analyste: Isabelle Ragnard « Il me semble fort agréable de réciter une poésie en s'accompagnant sur la viole, ce qui ajoute tant de grâce et d'efficacité aux paroles que c'est grande merveille. » La pratique du « chant à la viole » de la Renaissance, louée par Baldassare Castiglione dans son Libro del cortegiano (1528), semblait perdue par les interprètes modernes: elle est retrouvée avec maestria par VivaBiancaLuna Biffi. La discrète vièliste, dont le prénom est associé à des ensembles médiévaux renommés (Gilles Binchois, Alla Francesca ou en quatuor avec Marc et Angélique Mauillon et Pierre Hamon), laisse enfin jaillir sa voix au timbre légèrement voilé et use de toutes les techniques du jeu de la viole à archet (pizzicatos, bourdons, contrepoint) puisées dans la tradition de la Renaissance et la modernité actuelle (effet percussif et re-recording!) pour s'accompagner elle‑même. Un second défi est relevé avec franchise et justesse: rendre la vivacité expressive des frottoles de Tromboncino ou Cara, qui ont ému les cours italiennes les plus raffinées pendant des décennies (1480‑1520). Tâche ardue car les partitions à quatre voix publiées par Petrucci (1504‑1514) paraissent bien rudimentaires au regard de l'effet produit à l'époque. A partir d'arrangements pour soliste et luth de Francesco Bossinensis et d'adaptations personnelles de modèles anciens ou populaires, VivaBiancaLuna ranime la rhétorique ; mélodies squelettiques. Vivifiée par un art de la récitation chantée, ici sans aucun maniérisme, la musique est au service de la poésie contemporaine (Serafino Aquilano) ou du passé (Pétrarque). Un sonnet Hor che’l ciel e la terra quasi parlando entre en résonance avec la version madrigalesque de Monterverdi que nous avons en mémoire. Organisé sur le modèle antique d'un drame en trois actes, un prologue, divertissement et un épilogue, les courtes oeuvres décrivent un chemin initiatique parcourant l’amour, la mort et l'oubli. L’émotion est là. Arrêtons notre pas.
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