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Appréciation d'ensemble: | |
Analyste:
Gaëtan Naulleau Les compilations-portraits ont changé: non plus résumés d’intégrales lyriques destines au melomane qui n a pas les moyens d’y suivre son idole, mais patchworks de récitals cousus par l’éditeur... qui n’a plus les moyens de produire des intégrales. Ce« Rejoyce ! » à la gloire de Joyce DiDonato renouvelle encore la méthode. Les fans de la mezzo américaine ont pu voter sur son site pour choisir les extraits inclus dans le double-album et son titre. Ils ont fourni les photographies de la notice (soeur sourire) et une litanie de lettres béates qui n’est, après tout, pas plus convenue que l’éloge de l’irrésistible diva next door signé par Roger Pines. Chacun s’émerveille de sa générosité musicienne. Indéniablement. Mais les trente et un airs témoignent tout autant d’un art de grande école, qui ne laisse aucun mot s’amollir dans la longue (longue, longue) ligne. Ce souffle ! Cette discipline du phrasé, cette fermeté de la vocalise dans le « Parto » de Sextus (dire que la clarinettiste s’endort lascivement dans l’ombre de la dame. . .). C’est l’un des six inédits glissés dans ce best of où naturellement on retrouve le « Where shall I fly » d’Hercules, le « Scherza infida » d’Ariodante, 1’Elvire de Don Giovanni (Nézet-Séguin, DG). . . Le finale de La donna del lago et « D’Amour l’ardente flamme » balisent un répertoire ouvert sur les musicals de Rodgers & Hammerstein (deux extraits d’un album collectif jamais arrivé de ce côté de l’Atlantique : superbe (« You’ll Neyer Walk Alone », mais pour « Climb Ev’ry Moutain », on préfère, côté divas, la soufflerie wagnérienne d’une Farrell). L’éditeur (ou un fan ?) n’a pas oublié le prodigieux lamento d’Octavie qui nous la révélait pure tragédienne, et parfaitement à l’aise chez Monteverdi. Combien sont-elles, aujourd’hui, capables de faire le grand écart sans ciller? Des inédits on prise, plus qu’« Ombra mai fu » et un air de Rosine impeccable mais surveillé (Dieu sait pourtant ce qu’elle en fait les bons jours !), l’ « Amour, viens rendre à mon âme» héroïque d’Orphée et Eurydice, emporte avec un élan phénoménal et couronné par une cadence Viardot qui laisse toutes ses rivales (Podles exceptée) loin derrière. Vous voilà, pour ce trésor, pris au piège de la compilation, bénissant et maudissant l’éditeur tout à la fois.
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