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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Phillppe Gelinaud Venise, carnaval 1729. La rivalité entre les théâtres ‑ et donc les grandes familles de la Sérénissime est à son sommet. Comme le prestige n'a pas de prix, les Grimani offrent la scène du San Giovanni Grisostomo aux castrats vedettes Nicolini et Domenico Gizzi, ainsi qu'au jeune Farinelli.
Au San Cassiano, la famille Tron
répond avec les non moins, célèbres Senesino et Domenico Annibali, mais
surtout avec la soprano Faustina Bordoni. Le San Moisè de la pourtant
influente famille Giustiniani est quasiment réduit au rôle de
faire-valoir. Du côté des compositeurs : Leonardo Leo, Geminiano Giacomeili,
Giuseppe Maria Orlandini, Nicola Porpora, Leonardo Vinci et Tommaso
Albinoni. Quel défi que de proposer un récitai construit à partir d'airs pris parmi les six opéras créés durant ce carnaval 1729, sur les trois scènes précitées ! Passionnant, évidemment, mais risqué, car c'est à une seule et même chanteuse ‑ l'excellente mezzo suédoise Ann Hallenberg ‑ qu'est confiée la mission de se glisser dans la peau d'interprètes aux personnalités vocales diverses.
Le premier CD, consacré au San Cassiano, illustre bien les palettes technique et émotionnelle exceptionnelles de Faustina Bordoni, considérée par beaucoup comme la plus grande chanteuse de son temps. Longues vocalises, avec d'éventuels sauts d'intervalles, trilles, notes piquées, Ann Hallenberg se montre ici particulièrement convaincante. L'adéquation n'est pas tout à fait la même dans les deux pages écrites pour Senesino : malgré la qualité de l'interprétation, la tessiture semble, cette fois, légèrement trop basse.
Sur le second CD se trouvent les airs créés par les autres divos (Farinelli, Domenico Gizzi) et divas (Teresa Peruzzi, Lucia Facchinelli, Antonia Negri, Catterina Giorgi) de ce carnaval. On retiendra le spectaculaire « In braccio a mille furie » de Porpora et, surtout, l'efficacité dramatique et émotionnelle des deux superbes airs tirés du Catone in Utica de Leo : « Soffre talor del vento », chanté par Cesare, et « Ombra cara », confié à Emilia. Là encore, ressortent les limites de l'exercice : nul ne saurait porter à la perfection autant de masques différents,
Un disque indispensable, de
surcroît très bien accompagné par Stefano Montanari, mais qui ne fera pas
oublier les standards établis dans ce répertoire par Franco Fagioli (Arias
for Caffaralli, Il Maestro : Porpora Arias) et, surtout, Cecilia Bartoli
(The VivaIdi Album, Sacrificium).
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