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Analyste:
Philippe Venturini
La Descente d'Orphée aux Enfers appartient, comme Les Arts florissants ou
Actéon, à ces divertissements d'une petite heure composés par Charpentier pour
Mademoiselle de Guise. Si le compositeur emprunte son sujet à la mythologie et
adopte l'écriture de la tragédie en musique, il doit composer avec un effectif
léger d'une dizaine d'instrumentistes. On ne saurait donc attendre les puissants
effets dramatique de Médée mais plutôt envisager une esthétique qui sera celle
des cantates qui ne tarderont pas à charmer la France au début du XVIIIe siècle.
Malgré un décor plus pastoral que théâtral, Charpentier sait trouver le ton
juste et aménager des effets ad hoc dans ce récit divisé en deux parties. La
première voit vite mourir Eurydice tandis que la seconde, plus développée, suit
Orphée aux Enfers et s'achève avant le retour à la lumière. Un trio de violes
fait office de lyre et aide Orphée à triompher de Pluton comme à soulager les
tourments des condamnés. Présentée après les versions de William Christie (Erato,
1995) et Paul O'Dette et Stephen Stubbs (CPO, 2013), ce nouvel enregistrement
s'inscrit dans la série que l'Ensemble Correspondances consacre avec succès à
Charpentier. Il faut pourtant reconnaître qu'il n'apporte pas les mêmes
bonheurs.
Comme à
l'accoutumée, on apprécie la méticulosité de la réalisation instrumentale (de
nombreux brillants solistes), l'attention apportée aux climats, la justesse des
tempos (l'apparition des fantômes). Mais on doit avouer ne pas être convaincu
par le couple Orphée (Robert Getchell) et Eurydice (Caroline Weynants) à
l'expression fade et monochrome. Ces Enfers manquent un peu de couleurs et de
chaleur.
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