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Outil de traduction ~ (Très approximatif) |
Analyste: Michel Parouty Rendant compte du spectacle lors de sa création à l'Opéra National de Lorraine, en février 2016 (voir O.M, no 115 P. 60 de mars), j'appelais de tous mes voeux un enregistrement audio - ou, mieux encore, vidéo. Ce DVD vient combler l'attente, et le plaisir est d'autant plus complet que le travail du réalisateur Stéphane Vérité sert au mieux les intentions de Jetske Mijnssen et apporte à sa mise en scène un surcroît d'évidence.
Si, des décors minimalistes de Ben Baur, on ne retient que la couleur funèbre, si les costumes de Gideon Davey n'ont rien perdu de leur exubérance, ils soulignent parfaitement un drame poignant, dont la douleur d'Orfeo et la jalousie d'Aristeo sont les éléments moteurs, et qui est ici exposé dans toute sa nudité. Une fois encore, les puristes déploreront le passage à la trappe d'un Prologue que seule justifiait sa portée politique; mais le choix de Jetske Mijnssen est clair: priorité aux sentiments qui animent des personnages descendus du piédestal mythique sur lequel ils sont statufiés et qui souffrent comme de simples mortels. Dans sa nudité et sa désolation, le dernier acte prend le spectateur à la gorge, perdu dans un monde onirique d'une austère beauté.
Autre qualité du film de Stéphane Vérité : il met en vaIeur le travail approfondi des acteurs, saisissant le moindre regard, le moindre geste dans leur authenticité. La verve des « comiques » travestis (Ray Chenez, Dominique Visse) ou non (Marc Mauillon) est irrésistible, autant qu'est palpable l'intensité émotionnelle du trio Orfeo/Euridice/Aristeo. Les voix sont à la hauteur des performances scéniques, franches, généreuses; le style est irréprochable, l'expression juste et sans apprêt.
Francesca Aspromonte, timbre d'eau claire et phrasés enchanteurs, est la plus séduisante des Euridice, Giuseppina Bridelli fait siens les tourments d'Aristeo et la toujours excellente Judith van Wanroij campe un Orfeo d'une héroïque fragilité, à la voix un rien trop féminine, sans doute, mais dont le chant raffiné et éloquent ,trouve, dans sa scène finale des accents bouleversants.
On mesure aussi tout ce que cette soirée doit à Raphaël Pichon, auteur avec Miguel Henry de la reconstitution musicale, effectuée à partir d'une basse continue. Variant climats et couleurs, le chef et fondateur de l'ensemble Pygmalion, sans jamais laisser de côté la dramaturgie, obtient de ses musiciens et complices une fête sonore, dont la luxuriance peut faire place à un strict dépouillement. Merci à lui et à l'équipe. Merci tardif, aussi, au cardinal Mazarin, auquel on doit ce premier opéra créé à la cour de France.
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