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Diapason # 660 (09/2017)
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Analyste: Luca Dupont‑Spirio

 

Ce 12 janvier 1723, Handel fait débuter à Londres une certaine Francesca Cuzzoni, qui sera bientôt sa Cléopâtre, sa Rodelinda. L’opéra créé ce soir‑là, Ottone, est le troisième qu'il écrit pour la Royal Academy of Music, institution qu'il (co)dirige depuis 1719. Tout juste nommé, le Saxon avait recruté à Dresde le castrat Senesino, sa chère Durastanti et la basse Giuseppe Maria Broschi, respectivement Ottone, Gismonda et Emireno dans la Teofane d’Antonio Lotti. Les revoici, dans les mêmes rôles et la même Teofane adaptée sous le titre d'Ottone par Haym d'après le livret original de Pallavicino. C'est à peu près l'histoire d'Otton II, empereur du Xe siècle défendant le trône du Saint‑Empire et sa promise Théophane contre l'ennemi Adelbert. Histoire morale, animée au demeurant, où peut enfin briller une authentique prima donna.

Un quart de siècle a passé depuis les premières ‑ et uniques ‑ versions ‑ publiées à quelques mois d'intervalle par Nicholas McGegan (HM 1992, cf no 390) et Robert King (Hyperion 1993, cf. no 397). Ivan A. Alexandre vantait alors « une action soutenue [où] se rencontrent une bonne dizaine d'airs merveilleux, dont au moins quatre chefs‑d’oeuvre: "Affanni del pensier" de Théophane, "Ah ! tu non sai" de Matilde, "Vieni, o figlio" de Gismonde et "Tanti Affanni" d'Otton. » Ajoutons ce « Falsa immagine » trop simple pour la Cuzzoni qui refusa de chanter, dit­on, jusqu'à ce que le compositeur menace de la jeter par la fenêtre.

Si ce nouvel enregistrement s'impose désormais, c'est d'abord grâce au chef et au primo uomo. Petrou lâche le grain de l'émotion dans la mécanique impeccable du Pomo d'Oro, sans brider sa débordante énergie ‑ ni tout à fait, hélas, sa tendance à l'automatisme. Adieu, fraîcheur cordiale façon garden‑party des prédécesseurs britanniques. Cencic, lui, campe le premier Ottone capable d'évoquer Senesino en route vers César. L’héroïsme dont Minter (chez McGegan) et Bowman (chez King) étaient privés, le voici: vocalises imbattables, émission conquérante, presque trop pour les moments de pure humanité. En Théophane, Lauren Snouffer trouve la sensualité qui manquait à la virginale Lisa Saffer (McGegan) et les couleurs qui échappaient à Claron McFadden (King).

Si Ann Hallenberg ne peut offrir à Gismonda les noirceurs et tendresses irrésistibles de Jennifer Smith (King encore), la voix garde cette densité soutenue, cette suavité qui distinguent son art. Xavier Sabata, dont on ne taira pas les limites dans les airs de bravoure (timbre altéré, articulation incommode) se rattrape par sa présence au drame dans les récitatifs et une certaine générosité dans le cantabile. Sans grand brio, Pavel Kudinov est un Emireno honnête, et Anna Starushkevych possède ce qu'il faut de velouté et de véhémence pour Matilda. On pourrait disputer les détails ou attendre plus de frissons. On peut aussi mesurer combien, en vingt‑cinq ans, le chant handélien s'est équilibré et aguerri. Sur quelles forces il est aujourd'hui en droit de compter !


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